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REVUE DU PAYS DE CAUX

Chez Victor Hugo, la Foi n’a pas varié ; à aucun moment elle ne s’est enfermée dans le dogme ni égarée dans l’imprécis. Ici encore, comme en ses autres ouvrages, le nom de Dieu revient perpétuellement sous sa plume ; le doute lui demeure impossible.

                            … Quoi ! tu doutes de l’âme ?
Et c’est l’astre qui brille ! Et c’est l’aube qui point !
Et que verras-tu donc, si tu ne la vois point ?

La mort n’est pas une fin. Il sait

                            … Que le corps y trouve une prison
Mais que l’âme y trouve des ailes,

Et, la vieillesse déjà venue, la transformation de son jugement accomplie, il considère encore le Christ comme « l’homme étoilé » ; étoilé pour lui, signifie divin. Sa passion pour les étoiles est bien connue. Elles sont le symbole de l’infini, le signe visible de l’au-delà.

Avec les étoiles, les montagnes ont toujours passionné son regard et enflammé son esprit. Le sommet et la clarté ! La « Dernière Gerbe » contient d’admirables vers consacrés à leurs beautés.

                            … Les monts contemplent Dieu.
Ils regardent penchés au bord du gouffre bleu,
Comme des spectateurs sur un gradin sublime
Le drame formidable et sombre de l’abîme,
L’entrée et la sortie étrange de la nuit,

La pièce débute par cet exposé titanesque :

Voici les Appennins, les Alpes et les Andes…

On croit voir l’illustre poète, d’un geste puissant, décrivant la terre et désignant les nobles cimes qui réjouissent ses yeux. Au reste, la géographie l’inspirait fréquemment, et voici un épi de la « Dernière gerbe » propre à servir d’épigraphe aux manuels de nos écoliers.

Ô Terre, dans ta course immense et magnifique
L’Amérique et l’Europe et l’Asie et l’Afrique
Se présentent aux feux du Soleil, tour à tour ;
Telles, l’une après l’autre, à l’heure où naît le jour
Quatre filles, l’amour d’une maison prospère
Viennent offrir leur front au baiser de leur père.