de 1850 qui porte le nom de M. de Falloux, son auteur, n’avait pas pour objet spécial d’établir la liberté d’enseignement qui figurait alors dans les professions de foi de tous les candidats libéraux ; elle visait plutôt à « organiser » l’enseignement congréganiste, ce qui était une vaste erreur. L’État n’avait pas pour devoir d’organiser un tel enseignement et d’affaiblir par là même celui qu’il distribue. En ce sens, on peut dire que la loi Falloux contenait un germe de discorde entre Français. Mais il ne faut pas oublier (M. Aynard le rappelait opportunément l’autre jour) que depuis bel âge, la loi Falloux n’existe plus. Toutes les dispositions qui favorisaient les Congrégations au détriment de l’Université ont disparu l’une après l’autre. Le principe de la liberté a seul survécu ; on voudrait l’abattre. Ce serait grand dommage. Un pays qui craint la liberté s’amoindrit et d’ailleurs, le but poursuivi par les réformateurs ne serait certainement pas atteint. L’unité qu’ils prétendent réaliser est une utopie. Il est à remarquer que devant la Commission d’enquête, tous les membres de l’Université appelés à déposer se sont prononcés en faveur du maintien de la liberté, même M. Aulard qui enseigne à la Sorbonne l’histoire de la Révolution et dont on connait les sentiments politiques. Le Parlement devrait tenir compte de cette unanimité.
De beaux discours ont été prononcés à la Chambre à cette occasion, mais on y relève les travers habituels de l’esprit Français. Voici M. Viviani par exemple qui, toujours chaleureux et éloquent, partage l’éducation en un superbe tryptique. L’enseignement primaire, pour lui, représente l’utilité ; l’enseignement secondaire, la beauté ; l’enseignement supérieur, la vérité. Utilité, beauté, vérité, voilà l’homme complet. On sent que l’orateur est ravi de sa découverte et s’exalte en la contemplant. La clarté et le bel ordre ravissent toujours un cerveau Français ; maintenant, quelle est la part de l’exactitude dans ce langage ? Elle est minime, car à vrai dire, l’utilité, la beauté et surtout la vérité demandent à être continuellement associées dans l’œuvre d’éducation, à quelque degré que ce soit et qui ne comprend à quelles inconséquences on aboutirait en s’inspirant trop étroitement d’une division aussi fantaisiste ? Voici maintenant M. Couyba. Il termine son discours par la description d’un monument qui devrait lui valoir le premier prix au concours d’architecture. De chaque côté de la « porte de l’Université » (qui devrait bien en avoir plusieurs,