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CE QUI SE PASSE DANS LE MONDE

s’emparait de son sceptre, ce serait notre devoir de soutenir Bou-Hamara !

L’affaire du Vénézuéla.

Gageons que vous tenez le Vénézuéla pour plus petit que le Maroc ; eh bien ! vous vous trompez, car il est deux fois grand comme la France. Or, ce pays ne nourrit encore que 2.400.000 habitants ; il produit du café, du cacao, du caoutchouc, de la vanille, du bétail et des bois précieux, ses exportations enfin dépassent considérablement ses importations. Nous sommes en droit d’en conclure qu’il pourrait payer ses dettes. Par malheur, il se paie un grand luxe de révolutions, choses très coûteuses. Depuis 1898, le désordre n’a guère cessé dans cet Eden la vie, pour un peu, serait si douce et si heureuse. Il en est résulté des pillages, des fournitures faites au gouvernement et à ses troupes et non soldées. Pas mal de commerçants Allemands, résident au Vénézuéla. En 1900, le cabinet de Berlin, prit fait et cause pour eux. Le président Castro institua une commission qui fit comparaître les plaignants, écarta ou rogna leurs créances et prétendit, de plus, ne point reconnaître les dettes antérieures à 1895. Devant ces prétentions insoutenables, l’Allemagne présenta une note globale de 1.700.000 ; ce n’était pas la mer à boire si les troubles récents n’avaient accru cette somme de près de 3 millions. C’est alors qu’intervint le singulier épisode que vous savez. L’Allemagne partit en guerre et entraîna l’Angleterre, ou plutôt le roi d’Angleterre ; car Édouard vii et Guillaume ii marquent d’autant plus de zèle à se soutenir que leurs peuples en mettent à se combattre. L’opinion Britannique, déjà très maussade de l’aventure, s’insurgea tout à fait lorsqu’elle vit dans quel guêpier on la menait. L’empereur, en effet, avait calculé que l’Angleterre encourrait fatalement la mauvaise humeur des États-Unis par suite de son intervention au Vénézuéla et cela servait très bien ses desseins pour plusieurs motifs qu’il serait trop long d’exposer ici. Mais il n’avait pas compté avec l’attachement de plus en plus fort qui se manifeste désormais entre les deux branches de la grande famille Anglo-Saxonne ; les Américains sauront gré, au contraire aux Anglais, d’avoir si véhémentement protesté contre la politique germanophile d’Édouard vii. D’ailleurs, leur président est inter-