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pants exemples ; on pourrait en citer d’autres. Cela étant, si nous jetons les regards autour de nous, nous apercevons un certain nombre de démocraties, à côté de quelques États auxquels on ne saurait donner ce nom : ni l’Autriche-Hongrie, ni surtout la Russie parmi les grands États ne répondent aux caractéristiques démocratiques : la Turquie, moins encore ; il en est de même de la Bulgarie ; la Serbie, la Roumanie, l’Espagne, le Portugal sont peut être des démocraties de nom, elles ne le sont guère de fait. Par contre, l’Allemagne, l’Angleterre, la France, la Hollande, la Belgique, la Grèce, la Suisse, l’Italie, le Danemark, se réclament du principe démocratique plus ou moins développé. C’est à ces différents pays que nous songions en étudiant après Tocqueville les institutions Américaines et en supposant que toute cette portion du vieux monde s’engagerait peu à peu dans la voie tracée par le nouveau.


Césarisme ou Impérialisme ?

Il n’en est rien. Partout, le pouvoir personnel se consolide ou s’établit, non pas bien entendu selon la formule moscovite qui est celle de l’absolutisme pur et simple, mais selon cette formule Allemande qui fait vivre côte à côte un empereur indiscuté et un Reichstag élu au suffrage universel. On l’avait crue passagère. L’empire de Guillaume ier et de Bismarck pouvait passer pour l’établissement fondé par des conquérants et maintenu par eux. Mais l’empire de Guillaume ii est un système régulier et tranquille ; et la force qui le soutient n’a fait pourtant que s’accroître. Bien plus, les autres souverains fortifient leurs trônes par des méthodes identiques. Combien les temps sont changés ! Le parapluie de Louis Philippe n’aurait plus aujourd’hui le moindre succès et, loin de retarder, il précipiterait plutôt la chute de son possesseur. Le souverain d’il y a trente ans menait son phaëton, arborait la redingote et le chapeau de soie, se mêlait discrètement à ses sujets, trouvait habile de faire cesser l’étiquette au seuil de son palais ; on lui en savait gré ; on le jugeait homme d’esprit ; on lui pardonnait son titre. Désormais, c’est l’inverse ; on aime à le voir souvent à cheval, constamment en uniforme, toujours en représentation ; on ne lui pardonnerait pas d’oublier son rang. Et surtout ce qu’on attend de lui, c’est justement qu’il se mêle de