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CE QUI SE PASSE DANS LE MONDE

résidence sur les bords du Nil nous a procuré le moyen de sortir honorablement d’une impasse. Un traité de commerce a réglé les questions d’intérêt entre le gouvernement Khedivial et la France ; d’autre part l’accroissement et l’extension de nos écoles et de nos institutions nationales en Égypte a rendu confiance à la colonie Française. Elle a cessé de piétiner sur place ; on lui a ouvert une route. Le cercle Français, l’Institut d’archéologie orientale, la Faculté de Droit répandent notre culture et notre civilisation pendant qu’en quelques années la population de nos écoles primaires a passé de 10.000 à 16.000 élèves. Les Anglais sont délivrés de l’opposition stérile et mesquine que l’élément Français en Égypte faisait à leurs plus fécondes innovations, à leurs améliorations les moins contestables et par contre ils ont dû renoncer à nous enlever la direction et le mérite des grands travaux scientifiques dont nous avons été les créateurs. La France conserve en Égypte un rôle fort important et en rapport avec le passé, étant donné qu’elle n’a pas voulu prendre à sa charge l’organisation matérielle du pays et partager un protectorat dont elle jugeait à tort les bénéfices trop aléatoires.

Esclaves ou proscrits.

Le monde moderne se trouve depuis quelque temps, en face de problèmes gênants qui le forcent trop souvent à désavouer les bases les plus grandioses de son édifice moral. Nous en trouvons une preuve nouvelle dans l’incident qui vient de marquer le voyage de M. Chamberlain en Afrique. La reprise très active des mines d’or préoccupe vivement l’opinion non seulement au Cap, mais en Angleterre aussi. La main d’œuvre faisant défaut, on a proposé d’importer des travailleurs Chinois lesquels, comme chacun le sait, font passablement de besogne et à très bon compte. L’idée germera et il est fort probable qu’il se fera une tentative de ce genre. Or, on sait tous les abus auxquels donne lieu presque infailliblement la transportation collective de ces exotiques qui sont plus ou moins assimilés au bétail et traités comme tels ; le très intéressant ouvrage de Pierre Leroy-Beaulieu sur l’Afrique du Sud analyse les institutions minières telles qu’elles étaient avant la guerre ; au lieu de Chinois il y avait des nègres et le régime auquel ils étaient soumis ressemblait tout à fait à l’esclavage. Ces mêmes Chinois qu’on parle d’importer dans les mines Africaines