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morales. Et comment dire ensuite qu’il n’y a point de justice, quand on songe à tous les crimes dont est chargée cette famille, à tout le sang qu’elle a versé, à toutes les oppressions qu’elle a organisées ? Où donc trouver parmi les familles souveraines l’égale de celle-là pour le mal qu’elle a fait et le bien qu’elle a empêché ?

En Saxe.

Cet incident a attiré l’attention sur la maison royale de Saxe qui vit dans l’ombre de sa gênante et impériale voisine et dont l’Europe ne connaît plus que l’existence et a oublié les particularités. Elle remonte à l’époque de Charlemagne. C’est donc l’une des plus anciennes de l’Europe ; elle posséda d’abord les landgraviats de Lusace et de Thuringe… Ses chefs, devenus Électeurs, protégèrent Luther à ses débuts et veillèrent jalousement sur le protestantisme naissant jusqu’à ce que l’un d’eux, qui convoitait la couronne de Pologne, se convertit au catholicisme dans la pensée que cette concession lui obtiendrait le trône de ses rêves ; mais Stanislas Leczinski fut son rival heureux. La Pologne pour celui-là valait bien une messe ; mais il n’eut pas la Pologne et ses successeurs continuèrent d’assister à la messe. Voilà comment la Saxe qui compte quatre millions de protestants et à peine deux cent mille catholiques, est gouvernée par une dynastie catholique ; il est juste d’ajouter que le palais de Dresde n’a jamais été un foyer de propagande ultramontaine et malgré que la dévotion du roi Georges qui a succédé, le printemps dernier, à son frère Albert paraisse plus exaltée que celle de ses prédécesseurs, la plupart des fonctionnaires et serviteurs de la cour appartiennent à la religion réformée et rien n’incite mieux à la tolérance que de semblables états de chose. Le roi de Saxe, déjà malade, a failli mourir des douloureuses émotions qu’il a traversées ; son attitude et celle du prince royal ont été empreintes de cette dignité grave et de ce respect de soi-même qui font si complètement défaut à la malheureuse princesse Autrichienne, cause de tous ces scandales.

L’Exposition de Saint-Louis.

Les Américains, qui sont gens de progrès, toujours en avant dès qu’il s’agit d’inventer ou d’innover, ressemblent volontiers