UNE NOCE DANS UN VILLAGE DU MACONNAIS
I.
Un train omnibus, parti de Lyon à midi, venait de s’arrêter à trois heures un quart à une station située entre Mâcon et Tournus. Cette station dessert le village de Léoniaud qui, groupé au bord de la Saône, regarde les immenses plaines de la Bresse.
Deux voyageurs descendirent. L’un d’eux, sortant d’un compartiment de première classe et portant l’attirail d’un chasseur, alla faire délivrer deux beaux chiens anglais des cages dans lesquels l’administration les avait parqués. — Le second voyageur, homme à l’extérieur rude, au costume simple, descendit d’un wagon de troisième classe, et chargea, l’un après l’autre sur son épaule, deux énormes paquets de fil de chanvre qu’un obligeant caporal lui fit passer ; puis il reçut, des mains d’une Bressane, coiffée du chapeau de dentelle à grandes barbes, un très-minime carton vert dont il prit soigneusement les cordons dans sa main gauche, tandis que sa main droite soutenait un bâton noueux à l’aide duquel les écheveaux de fil roux étaient maintenus.
Bientôt la cloche d’appel se fit entendre ; la locomotive laissa échapper un nuage de noire fumée et lança un cri stri-