Page:Revue des traditions populaires, année 2, numéro 12, décembre 1887.djvu/42

Cette page a été validée par deux contributeurs.

en père fouettard. L’âne, qui porte des grelots, est conduit par saint Nicolas, qui l’émoustille à coups de lanière. Le trio pénètre dans les maisons où il y a des enfants : ceux qui savent réciter des prières à saint Nicolas reçoivent, en récompense, des noix et des bonbons ; quant aux autres, ils sont corrigés séance tenante par le père fouettard, armé d’une grande verge.

La jeunesse ne subit pas cette épreuve sans préparation ; bien à l’avance, les bambins se sont confectionné des bâtons et ont prié force Pater ; chaque Pater a été inscrit par une entaille sur le bâton ; la dizaine a été marquée par une croix. Quand saint Nicolas fait sa tournée, il inspecte les bâtonnets ; mais si le nombre des entailles a été majoré par malice, c’est-à-dire si les parents soupçonnent leurs enfants d’avoir fait plus de croix que de Pater, ils font des raies noires qu’ils attribuent à saint Nicolas. Quand il y a des enfants terribles, qui ne veulent pas croire à saint Nicolas, on recourt aux grands moyens : on les charge sur la bourrique qui les emmène. (Express de Mulhouse.)

Comp. le feuilleton de la Landeszeitung fur Elsasse Lothringen du 6 décembre, où l’on met en rapport le culte de saint Nicolas avec celui du dieu Scandinave Niordr. Niordr prit dans la mythologie norraine les anciennes attributions de Niordr ou de Hagunis, comme dieu des sources et des eaux, il présidait à la pêche, à la navigation et par suite au commerce. C’est par la pêche et le commerce qu’il donnait la richesse et la propriété. (Cf. Bergmann, la Fascination de gulfi, Strasbourg, 1861, p. 261.)

Paul Ristelhuber.

BIBLIOGRAPHIE


W. A. Clouston. — Popular tales and fictions, their migrations and transformations. 2 vol. petit in-8o . Edimbourg et Londres, 1887. William Blackwood and Sons, éditeurs.

M. Clouston est un orientaliste distingué ; il a donné à ses compatriotes de la Grande-Bretagne une sorte d’histoire de la poésie arabe fort appréciée ; il a édité un recueil de contes persans, le Bakhtyar-nameh, qui est une des gemmes du trésor folk-lorique de l’Iran ; enfin il a publié, mais malheureusement, croyons-nous, sans le mettre dans le commerce, un autre recueil persan du plus haut intérêt pour nos études, le « livre de Sindibad », qui contient une foule de contes, récits, fables et apologues fort anciens, plus anciens que les Croisades et qui, traduits en syriaque, en grec, en hébreu, en vieil espagnol, constituèrent le fonds principal des collections de fabliaux si répandues en Occident au moyen-âge. M. C. était donc admirablement préparé à l’étude très savante qu’il vient de