Page:Revue des religions, Vol 2, 1892.djvu/51

Cette page n’a pas encore été corrigée

verdeur d’autrefois. Gilgamès fit donc compliment à Samas-napistim de sa bonne mine, et s’extasia sur ce qu’il paraissait tout rajeuni, insinuant par là, qu’il voudrait bien connaître, lui aussi, cette eau de Jouvence, où se ravivait sa vigueur. C’était, en même temps qu’un moyen de s’attirer les bonnes grâces du vieillard, une manière adroite de revenir sur sa demande : « A te regarder de près, Samas-napistim, je ne te trouve point vieilli, tu parais aussi jeune que moi. Non, en vérité tu n’es point vieilli, tu es aussi jeune que moi. Resplendissant de santé comme tu es, tu pourrais encore, ma foi, affronter la bataille... Mais dis-moi, comment as-tu mérité de siéger dans l’assemblée des dieux, de prendre place parmi les immortels ? Voyons, confie-moi ce secret... [1] »

Gilgamès avait trouvé le côté faible de Samas-napistim. L’aïeul, doucement flatté par les paroles câlines de son petit-fils, ne sut plus résister : « Oui, Gilgamès, dit-il, je vais te découvrir le mystère et te révéler le décret des dieux [2]. » Alors, avec cette humeur conteuse des vieillards, il prit les choses par le commencement et exposa tout au long son histoire, une terrible aventure, dont il avait été le héros, d’où il n’était revenu sauf que par miracle, et qui lui avait valu l’immortalité.

« Ceci se passait à Surippak, tu sais, cette ville assise, là-bas, au bord de l’Euphrate. Oh ! elle était déjà bien ancienne cette ville, lorsque les dieux qui l’habitaient, les grands dieux, conçurent le dessein de faire le déluge. Or donc, ils se réunirent et tinrent conseil. L’aspect était vraiment imposant de cette

  1. Tab. XI, l. 1-7.
  2. Tab. XI, l. 8-10.