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de la Basse-Chaldée, pour en doter sa bibliothèque. Afin que personne n’en ignorât, et que la gloire lui en revint dans la postérité la plus reculée, il avait fait graver au bas de chaque tablette la suscription suivante : « Copie certifiée conforme au texte ancien. Propriété d'Assurbanipal, roi des légions, roi du pays d’Assur.  » C’était là une manière de garantir l’authenticité de l’œuvre et de s’en assurer la propriété. Or, malgré l’état fragmentaire dans lequel nous sont parvenues les tablettes, nous retrouvons à plusieurs endroits, conservée en tout ou en partie, une telle suscription. [1]

Ainsi, l’épopée de Gilgamès dut être rédigée à une époque fort reculée, puisque déjà, au temps d’Assurbanipal, on attribuait à l’original une antiquité vénérable. Mais quelle est au juste la date de la composition d’un tel poème ? C’est là un problème de critique complexe et difficile à résoudre.

Il ne peut pas être question ici, évidemment, de fournir une date précise, mais seulement vague et oscillant entre plusieurs siècles. Même, en se mouvant dans d’aussi larges limites, la tâche n’en reste pas moins ardue. Toutefois, elle ne défie point, sans doute, les ressources d une critique sagace et minutieuse. A supposer, en effet, que nous ne possédions pas, sur le moment probable, où furent composés les poèmes homériques» le témoignage d’Hérodote, nous n’hésiterions pas, cependant, à y voir des œuvres de l’âge héroïque. Il en va de même, en ce qui concerne notre épopée. Si nous n’avions pas sur la haute antiquité du poème chaldéen le témoignage d’Assurbanipal, toutefois, nous y reconnaîtrions sans peine une œuvre des temps primitifs. Il ne peut venir à

  1. II, VI, 46-50 ; V, VI, 47 ; VI, 216-220 ; IX, VI, 38-42 ; IX, VI b, 46-54 ; X, VI, 42-45 ; X, VIb, 46-48 ; XI, 330-334 ; XII, VI, 12-15.