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au rang des divinités familières. On sent, à travers notre poème, que la malice populaire commençait à s’égayer à ses dépens. Déjà, sa légende touchait de près à la parodie.

Au-dessous de cette triade suprême, se place Samas [1]. Ce dieu, par un singulier mélange, revêt à la fois une nature physique et un caractère moral. Dieu-Soleil, qui, tous les jours, franchit l’Océan, et fixe le signe avantcoureur du déluge, il est en même temps le dieu vengeur de l’iniquité. Il nous apparaît comme l’inspirateur et le protecteur naturel de Gilgamès. C’est lui, qui achève de concilier à Gilgamès l’amitié d’Eabani, c’est lui encore, qui souffle au héros sa haine contre Humbaba. En retour les deux amis l’honorent de leurs libations et de leurs sacrifices.

Comme Samas, Sin [2], le dieu-lune paraît avoir été propice à Gilgamès. C’est à lui, en effet, que le héros s’adresse, alors que, de nuit, inopinément, il se trouve face à face avec des lions, aux abords de la montagne, et encore, lorsqu’il souhaite de voir Eabani revenir un instant à la lumière.

Bel [3], la grande divinité de la terre fait pendant à Ea [4], la grande divinité de la mer. Le rôle attribué à ces dieux, dans notre poème, est similaire, quoique en partie opposé. L’un et l’autre se montrent d’abord favorables à Gilgamès et lui soufflent l’esprit de

  1. Samas : II, V, 21 ; III, IV, 29, 43 ; IV, II, 7-22 ; IV, (?) b, 4446 ; VI, 171-172 ; X, II b, 23 ; XI, 46-47, 76, 87-89 ; (?), (?) j, 8.
  2. Sin : IX, I, 10 ; XII, III, 6-11 ; ( ?), III b, 26.
  3. Bel : II, V, 22 ; IV, V, 1-6 ; V, II, 16 ; XI, 16, 39-41, 43-40, 167-170, 171-175, 176-179, 180-196,197-205 ; XII, II, 28 III, 5 ; (?), III b, 18-26.
  4. Ea : II, V, 22 ; XI, 19-20, 21-31, 32-35, 36-47, 178-179,180-196 ; XI b, 1-11,12-18 ; XII, III, 17-20.