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Une telle œuvre nous frappe, au premier aspect, par son air d’étrangeté. Tout, en effet, dans ce poème est particulier : l’action, la scène et les personnages. L’action se déroule en un large tableau disposé sur deux plans. Au premier plan, une lutte de héros contre des monstres et des animaux fabuleux ; au second plan, un voyage à travers l’inconnu, à la poursuite de l’immortalité — une merveilleuse Odyssée faisant suite à une Iliade gigantesque. La scène est proportionnée à l’action. D’abord assez restreinte, tout d’un coup elle s’agrandit, au point de devenir aussi vaste que l’univers. Elle se passe, en partie à Uruk et dans la basse Chaldée autour d’une source, sur la montagne de cèdres, le long de l’Euphrate ; en partie au milieu de contrées mystérieuses, dans la région de la nuit, aux portes du soleil, parmi des jardins enchantés, au bord de l’Océan et des eaux de la mort, à la bouche des fleuves, au soin des enfers. Dans ce cadre s’agitent des personnages