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revêtit ses insignes, habilement rattachés avec une belle ceinture, et se coiffa de sa tiare, soigneusement maintenue au moyen de brides riches [1].

Gilgamès, on le voit, apportait à son ajustement une certaine coquetterie. C’est qu’il y avait en lui, sous l’invincible guerroyeur, un séducteur irrésistible ; c’est que, sous sa cuirasse de héros, battait un cœur d’homme. Ce mélange d’affinement et de rudesse, de tendresse et de force, répandait sur toute sa personne une grâce singulière et énigmatique... Elle apparut, certes, dans tout son éclat, cette beauté étrange et mystérieuse de Gilgamès, au jour où, vainqueur de Humbaba, on le vit s’avancer à la tête de ses compagnons d’armes, paré de ses plus riches atours, le front rayonnant de gloire. Gilgamès était si séduisant, en son costume d’apparat, au milieu de cette pompe triomphale, que la déesse Istar elle-même se montra touchée de tant de charmes. À peine, en effet, eut-elle levé les yeux sur le héros, qu’elle se sentit prise pour lui d’un violent amour [2].

C’est au temps où les dieux avaient coutume de descendre des hauteurs du ciel sur la terre et de converser familièrement avec les hommes, que pareille fortune advint à Gilgamès. Donc, la déesse Istar courut droit au héros, et, dès l’abord, lui fit des propositions : « Allons, Gilgamès, consens à devenir mon époux ! Ton amour ! je veux ton amour ! Fais-moi ce beau présent, de grâce, ne me refuse pas ! Toi, sois mon mari, moi, je serai ta femme [3] !

La déesse Istar, en cette circonstance, mit en œuvre

  1. Tab. VI, l. 1-5.
  2. Tab. VI, l. 6.
  3. Tab. VI, l. 7-9.