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REVUE DES QUESTIONS SCIENTIFIQUES.

vention, par étendue, traduction littérale de l’hébreu, pour dissiper toute équivoque. Il suffit de moins encore : on n’a qu’à prendre le mot firmamentum, non dans son sens primitif et étymologique, mais dans son sens actuel et toute matière à objection disparaît. Chacun, dans la langue courante parle du firmament, et il ne vient à l’esprit de personne de l’interpréter dans le sens d’une voûte de cristal. Le firmament c’est la profondeur, azurée et limpide le jour, sombre et brillamment constellée la nuit, qui s’élève au-dessus de nos têtes c’est le ciel atmosphérique en un mot.

Nous avons examiné les principales objections de détail que l’ignorance ou une sincérité mal éclairée — sans parler de la mauvaise foi — ont pu élever contre la véracité et la vraisemblance du récit que la Genèse nous donne de la formation de l’Univers. Il reste à répondre à une objection plus grave et d’un ordre plus général. On nous oppose le défaut de concordance entre les faits astronomiques et géologiques d’une part et de l’autre les « jours » et les phases de la création telle que la décrit Moïse. À Zénon qui niait le mouvement Diogène, dit-on, répondit en se mettant à marcher. Faisons de même. Exposons la théorie et les faits généraux de la science en les encadrant dans les grands traits et les grandes lignes du récit biblique. Si ces faits et cette théorie s’adaptent sans difficulté et à l’aise à ce cadre divin ; si les divers âges cosmiques et géogéniques du monde répondent sans effort à l’appel du texte sacré, n’aurons-nous pas répliqué victorieusement à ceux qui nient une telle concordance ? Pour quelques difficultés secondaires qui pourraient se présenter encore, elles trouveront leur solution dans cet exposé même qui fera l’objet de la suite de ce travail.

Jean d’Estienne.
Paris, mars 1877.