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COMMENT S’EST FORMÉ L’UNIVERS.

III.
LE PREMIER CHAPITRE DE LA GENÈSE
D’APRÈS WALTON ET D’APRÈS M. POZZY.

Remarquons d’abord, cela n’est pas hors de propos, que rien n’oblige à faire partir du premier verset de la Genèse (au commencement Dieu créa, etc.), le premier des six jours de l’hexaméron. La division de la Bible en chapitres et en versets est relativement toute moderne et souvent arbitraire : elle n’a rien de rigoureux. Rien ne s’oppose à ce que les deux ou trois premières phrases de la Genèse, composant la totalité du premier verset et la plus grande partie du second, soient considérées comme se rapportant à une phase de la durée antérieure à l’hexaméron proprement dit. Ce serait la place de la création primordiale par laquelle Dieu tire du néant absolu le principe même de la substance créée : les six jours qui la suivent correspondraient à la phase d’ordonnancement et d’organisation, par rapport à l’homme, de cette création primitive.

Une telle interprétation n’est point arbitraire, elle est amenée par les expressions même du texte hébreu. Lorsqu’il est dit, aux premiers mots de la Genèse, que « au commencement Dieu créa le Ciel et la terre, » le mot qu’emploie l’écrivain sacré[1] signifie strictement créer, faire de rien ; au lieu que, décrivant les opérations des six jours, il emploie communément un mot[2] qui signifie former, façonner, produire quelque chose à l’aide d’une matière préexistante[3].

Étudions, dans cet esprit, le texte de Moïse en le disposant selon la division logique et rationnelle du récit.

  1. בָּרָא Bara, créer, faire de rien.
  2. עָשָׂה Hasah, faire avec quelque chose.
  3. Dr Molloy, Géologie et Révélation, chap. XIX, p. 346.