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faits et malgré l’évidence, à vouloir opposer, au nom de la foi, des dénégations aux découvertes les plus certaines et aux théories les plus plausibles de la science, expliquent, s’ils ne les justifient pas en quelque manière, les attaques portées par les libres-penseurs et les faux savants contre les livres saints.

Ce sont là deux écueils également funestes, bien qu’également faciles à briser, et qu’il faut à tout prix faire disparaître. « La bible et la nature, dit un savant exégète, étant toutes deux la parole de Dieu, doivent s’accorder. Si quelquefois cet accord semble ne point exister, c’est que l’exégèse du naturaliste ou celle du théologien sont en défaut. Non seulement le dernier cas, mais encore le premier ne se présentent malheureusement que trop souvent et ces méprises ont jeté une indicible confusion dans la question de l’accord entre la bible et la science de la nature[1]. »

La cause principale des « méprises » que signale Kurtz réside surtout dans la tendance trop fréquente à confondre les vérités de l’ordre dogmatique et religieux contenues dans la bible avec les détails poétiques et les formes imagées de la langue usuelle du peuple hébreu.

La Bible est un chant, un poème, ou mieux une série de chants et de poèmes essentiellement populaires, inspirés et écrits non pas seulement pour les lettrés, pour les esprits cultivés et d’élite, mais aussi pour les petits et les humbles, en un mot pour les masses. La Bible, (c’est-à-dire Le Livre par excellence) devait donc porter ce cachet de sublime simplicité qui est le sceau des oeuvres supérieures et destinées à l’humanité tout entière. Elle devait parler une langue poétique, féconde en images, facilement intelligible à tous, en un mot la langue du peuple.

Aussi Moïse, que l’Église tient pour infaillible en tout ce qui, dans son récit, concourt au but divin, à l’affirmation

  1. Kurtz. Bibel und astronomie, cité par le Dr Henri Reusch dans la Bible et la Nature, traduction de l’abbé X. Hertel, p. 21 et 25.