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COMMENT S’EST FORMÉ L’UNIVERS.

« Nous ne discuterons pas ce texte, ajoute-t-il dédaigneusement, il nous suffit de le citer. « (Si c’est la parodie qui précède que l’auteur appelle une citation !) « Le lecteur jugera si, comme on a osé le soutenir, les écritures juives sont en parfait accord avec la science moderne. Il est vrai que ceux qui, pour faire approuver leurs livres par le corps enseignant et en ti’ouver par Là un fructueux débit, ont professé cette singulière doctrine, ont été quelque peu embarrassés par la durée de six jours, ni plus ni moins, accordés à l’œuvre créatrice. Ils ont cru se tirer d’affaire en prétendant qu’ici le mot « jour » était synonyme de « époque. » Nous ne les chicanerons pas à ce sujet, quoique, dans le but de prévenir cetle interprétation (!!), Moïse eût bien soin, à chaque acte de son drame, de répéter :

« Et il y eut un soir, et il y eut un matin, et ce fut le troisième, le quatrième jour, etc., etc. »

« À quelles époques géologiques correspondent ces époques de la Genèse ? Voilà ce que nous demandons et ce qu’on a toujours oublié de dire. »

L’auteur aurait pu s’arrêter là dans sa philippique antibiblique : une ignorance complète des règles les plus élémentaires de l’interprétation des textes, pouvait jusqu’à un certain point lui servir d’excuse et couvrir tant bien que mal sa bonne foi. Rien ne saurait le disculper d’avoir ajouté les odieuses paroles qui suivent :

« Détournons nos yeux de ce triste sujet, car il est trop affligeant de voir des hommes, recommandables d’ailleurs, appuyer de l’autorité de leur nom des croyances qui ont fait leur temps et qui ne peuvent plus qu’entraver dans son essor la pensée humaine. »

La suite de ce travail pourra montrer, — on n’en désespère pas du moins, — que nos croyances, dont on dit depuis tant de siècles qu’elles ont fait leur temps, sont loin d’  « entraver dans son essor la pensée humaine. » Mais il faut convenir que les hommes qui, semblables aux deux auteurs dont il a été parlé en commençant, s’obstinent, malgré les