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COMMENT S’EST FORMÉ L’UNIVERS.

aqueuse, sans intervention aucune de l’élément igné[1]. On ne saurait méconnaître qu’une telle base rendrait plus facile et plus intime, s’il est possible, l’accord de la science avec le récit génésiaque. Elle n’y est aucunement nécessaire cependant, et comme elle n’est pas admise jusqu’ici dans le monde savant, comme elle paraît d’ailleurs, au moins au premier abord, difficile à concilier avec la théorie cosmogonique de Laplace dont l’analyse spectrale constate chaque jour, dans les profondeurs du ciel, les magnifiques réalités, nous nous en tiendrons aux idées qui ont cours aujourd’hui[2].

C’est Monseigneur Meignan, c’est M. l’abbé Lambert, c’est le R. P. de Valroger, le rév. Dr Molloy, M. l’abbé Hamard, le R. P. Monsabré, et enfin M. Pozzy qui, soit par les doctrines qu’ils exposent, soit par l’esprit qui les anime, nous serviront principalement de guides dans la présente étude.

Si d’ailleurs nous arrivons à rendre évident, comme nous

  1. La Genèse du globe terrestre d’après les traditions antiques et les découvertes de la science moderne, par l’abbé Choyer, chanoine honoraire d’Angers. Un vol. in-12, de XXVIII, 535 p. 1875, Paris, Lethielleux. Angers, Briand et Hervé.
  2. M. l’abbé Choyer, toutefois, n’entend pas que sa théorie soit contraire à celle de Laplace. Il admet, comme l’auteur de la Mécanique céleste, la formation originairement ignée des astres. Sans doute alors le refroidissement de ceux-ci s’opérerait, suivant lui, sous la forme aqueuse ; au lieu que les roches primitives de l’écorce terrestre se soient formées directement par solidification du liquide igné, celui-ci se serait transformé superficiellement, sous l’action du froid extérieur, en une couche d’eau qui aurait peu à peu englobé toute la masse ignée. Ce serait au sein de cette enveloppe aqueuse, chargée de tous les éléments minéralogiques en dissolution ou en suspension, que les roches primitives se seraient lentement formées.

    On ne saurait le nier : une telle théorie a bien aussi son côté séduisant. Il faut convenir que si les faits nombreux sur lesquels s’appuie M. l’abbé Choyer pouvaient être corroborés et surtout généralisés, cette théorie ne serait pas sans quelque chance de faire un jour échec à sa vieille rivale plutonienne. Ajoutons que l’école neptunienne n’a d’ailleurs jamais entièrement abdiqué, et compte encore des représentants distingués, sinon bien nombreux.