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REVUE DES QUESTIONS SCIENTIFIQUES.

Les progrès de la physiologie, science toute moderne, soulèvent à leur tour d’autres questions mixtes. Quelles sont les relations du principe vital et de l’organisme ? Quelles sont leurs influences mutuelles ? En quoi consiste l’union de l’âme et du corps ? Et encore, si les animaux produisent, comme les hommes, des actes matériels régis par d’autres lois que celles de la mécanique, quelle est la différence essentielle entre le principe immatériel des uns et celui des autres ?

Toutes ces questions, et d’autres encore que nous exposerons plus loin, surgissent aujourd’hui d’elles-mêmes à la suite de recherches réellement et purement scientifiques. C’est là un fait que l’on peut appeler nouveau dans l’histoire des sciences. Si quelque chose d’analogue a pu parfois se produire exceptionnellement dans les siècles passés, jamais à aucune autre époque ces grandes questions ne se sont ainsi dressées sur la route naturelle du savant, toutes à la fois, précises et obstinées. C’est à ce fait que la science doit aujourd’hui la plus grande part de son importance sociale. Il est aisé de le reconnaître.


Les applications industrielles, agricoles, commerciales de la science ont sans doute une valeur considérable pour la société. Elles ont réalisé partout autour de nous des progrès incroyables. Loin de les méconnaître ou de les rabaisser, remarquons en passant qu’elles sont une des deux raisons de la faveur accordée par l’Église aux études scientifiques. La première constitution dogmatique du Concile du Vatican nous l’affirme, « l’Église leur vient en aide et les encourage de bien des manières ; car elle n’ignore pas, elle ne dédaigne pas les avantages qui en résultent pour la vie des hommes[1]. » Mais la seconde raison de cette faveur est précisément le lien naturel qui rattache la science à la philosophie ;

  1. Quapropter tantum abest, ut Ecclesia humanarum artium et disciplinarum culturæ obsistat, ut hanc multis modis juvet atque promoveat. Non enim commoda ab iis ad hominum vitam dimanantia aut ignorat aut despicit. Const. de Fid. cath. C. IV.