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de nos revers et les moyens de les éviter. La seule ville d’Orléans, pendant cette campagne, fut le théâtre de quatre retraites, c’est-à-dire de quatre déroutes dont les proportions furent d’autant plus grandes que nos armées comptaient plus de soldats. Il est vrai que les forces de l’ennemi avaient augmenté dans la même proportion. Mais notre direction militaire ne sut jamais reconnaître à combien d’adversaires nos armées auraient à faire, et surtout à quel moment précis il faudrait opérer une concentration de troupes qui aurait pu rendre pour nous la partie souvent égale, quelquefois beaucoup meilleure.

Et d’abord, ce n’est point au Gouvernement du 4 septembre, mais bien au dernier ministère de l’Empire, que revient l’idée première de la formation d’une « armée de la Loire, » destinée à recommencer, dans le centre de la France, la lutte qui venait de se terminer d’une façon si honteuse dans le nord par la capitulation de Sedan. Lorsque, le 3 septembre au soir, le général de Palikao et ses collègues annonçaient « au peuple français, » dans une proclamation restée célèbre, la suite de revers inouïs que complétait cette simple phrase jetée à la fin, comme si elle eût été sans importance : « L’Empereur a été fait prisonnier dans la lutte, » — ils ajoutaient, pour essayer une fois encore de faire illusion à la nation : « Les forces militaires du pays s’organisent. Avant peu de jours une armée nouvelle sera dans les murs de Paris ; une autre armée se forme sur les rives de la Loire. » Nous avons su plus tard ce qu’étaient « ces forces militaires. » Il ne restait plus en France un seul régiment d’ancienne création. Tandis que Paris essayait à la hâte de se mettre en état de défense, on faisait revenir d’Algérie quelques vieux soldats, et on achevait dans les départements la révision de la classe de 1870 dont on avait devancé d’un an l’appel.

Sur les bords de la Loire, les préparatifs de résistance étaient à peine commencés. Le nouveau ministre de la guerre, le général Le Flô, que vingt années de retraite absolue avaient mis peu au courant de nos affaires militaires, ne prenait aucune mesure énergique pour organiser sérieusement la défense. Tandis que Trochu, assisté de quelques bons officiers généraux, saisissait le commandement suprême dans la capitale menacée d’un siège imminent, il ne se trouvait personne en