méritant quelques mots de recommandation dans notre Courrier. On sait que les annales de l’empire mahométan aux Indes forment l’époque la plus intéressante dans l’histoire de ce pays. Cet empire se subdivise en deux périodes distinctes, savoir celle des dynasties Pathanienne, depuis l’an 1193 jusqu’en 1100, et celle de la dynastie Mongole fondée par Babar en 1526, par suite de la bataille de Panipat. L’histoire de la domination Mongole nous est plus familière à nous autres Européens, et surtout aux Anglais, à cause de ses rapports avec les premiers exploits de la compagnie des Indes ; de plus on y voit briller les noms de souverains tels que Babar et Akbar, dignes de vivre parmi les rois les plus illustres dont la postérité ait conservé la mémoire. Cependant il ne faudrait pas croire que l’époque anté-mongolienne, si je puis m’exprimer ainsi, n’est pas digne de fixer notre attention. Au contraire, rien de plus intéressant que de suivre les progrès de l’invasion mahométane, de voir les annexions se multiplier rapidement, jusqu’à ce qu’enfin le continent indien tout entier relève des monarques établis à Dehli. Les événements qui se sont accomplis pendant cet intervalle revivent dans une série de chroniques très-précieuses, mais qu’il faut consulter avec critique. Les auteurs de ces ouvrages se trompent souvent sur les dates, ils attachent beaucoup d’importance à des trivialités, et consacreront des chapitres entiers aux cérémonies des cours, tandis qu’ils diront fort peu de choses d’une révolution politique dont les résultats ont pourtant été immenses. Voilà comme un livre de la nature de celui que j’annonce ici est excessivement précieux. Le témoignage des médailles et des inscriptions éclaire, complète et rectifie souvent celui des historiens proprement dits, et dans le cas de l’histoire des Mahométans, ce témoignage est d’autant plus digne de confiance que les Mahométans eux-mêmes y attachent une très-grande valeur. Tout cela est fort bien expliqué dans la préface de M. Thomas, et on peut dire hardiment que l’ouvrage de ce scholar est hors ligne. Un graveur habile y a reproduit des spécimens de monnaie frappées sous quarante monarques, de 1193 à 1555.
— Les lecteurs de la correspondance de M. de Tocqueville se rappelleront sans doute le nom de M. Nassau Senior[1] et ils s’empresseront de renouveler connaissance avec ce gentleman dans les deux volumes que j’annonce ici. Comptant au nombre de ses meilleurs amis MM. de Montalembert et Léon Faucher, en France ; en Italie, le comte Cavour, Gioberti, Balbo et Salvagnoli, M. Senior pouvait, par leur intermédiaire, se tenir au courant de la politique continentale ; et comme il notait soigneusement les entretiens auxquels il prenait part, son carnet s’enrichissait chaque jour d’observations précieuses qui paraissent maintenant, grâce aux soins pieux de madame Simpson, sa fille, et qui servent de commentaire aux terribles événements dont nous avons été les témoins. Le premier des Jour-
- ↑ Journals kept in France and Italy, from 1818 to 1852. By the late Nassau William Senior. Edited by his Daughter, Mrs. C. M. Simpson. London, King and Co., 1871. 2 vol. in-8o.