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sans doute bien inattendu de l’équipée de notre aventurière. Ce phénomène tenait aussi, j’en conviens, à l’état général des esprits. Mais Voltaire était trop empressé d’adopter les erreurs historiques pour en éviter une pareille, et l’on ne saurait vraiment trop dire s’il ne s’est pas inspiré de la fausse Pucelle plutôt que de la vraie.

A. Lecoy de la Marche.




Notes

1. Procès de condamnation et de réhabilitation de Jeanne d’Arc, t. V, p. 321-336 ; Histoire de Charles VII, t. II, p. 366-370 et 458. M. Wallon, dans son excellent ouvrage intitulé : Jeanne d’Arc, a aussi utilisé une partie de ces documents (t. II. p. 296-299 et 447-451).

2. Ms. du British Museum, n° 11542, analysé dans la Bibliothèque de l’École des Chartes, deuxième série, t. III, p. 116. Cf. l’extrait du Journal de Paris reproduit dans le Procès de Jeanne d’Arc, t. V, p. 334. « Y avoit donc maintes personnes... qui croyoient fermement que, par sa saincteté, elle se feust eschappée du feu et qu’on eust arse une autre, cuidant que ce feust elle. »

3. Bibl de l’École des Chartes, loc. cit.

4. Il existe deux rédactions du récit de cet annaliste. Dans la première, écrite vers 1445, éditée par D. Calmet (Hist. de Lorraine, preuves du tome II. col. CC), il paraît dupe de l’imposture ; la seconde, qui existe dans les Mss. de Dupuy (vol. 630), et qui est sans doute postérieure, exprime l’opinion contraire, c’est-à-dire la vraie. Cette deuxième version a été ignorée de D. Calmet et de ses contemporains. M. Quicherat a publié l’une et l’autre (Procès, t. V, p. 321-324). Philippe de Vigneulles, chroniqueur messin du commencement du XVIe siècle, semble avoir connu également les deux ; car, en abrégeant le doyen de Saint-Thibaud, il rapporte le fait et le traite de supercherie (Huguenin, Chroniques messines, p. 198 ; Procès, t.V, p. 324, note).

5. Ce détail de la constitution physique de Jeanne d’Arc est attesté par une preuve matérielle : c’est un cheveu passé, suivant un ancien usage, dans la cire qui scellait autrefois une de ses lettres authentiques, et conservé jusqu’à nos jours avec sa couleur noire (Archives municipales de Riom ; Quicherat, Procès, t. V, p. 147). Il y a là non-seulement un renseignement précieux pour les artistes, mais peut-être un argument à opposer aux physiologistes qui prétendent que Jeanne était prédisposée par la nature à la rêverie et aux visions, caractère ordinairement opposé (chez nous du moins) au tempérament des personnes brunes. »

6. Cette localité serait aujourd’hui Marieulle, entre Corny et Pont-à-Mousson, d’après D. Calmet (Hist. de Lorraine, t. II, p. 702). Cependant l’on trouve aussi, dans le voisinage de Metz et de la Grange-aux-Ormes, le village de Morville-sur-Seille, dont le nom se rapprocherait davantage de celui que donne le chroniqueur.

7. Quicherat, Procès, t. IV, p. 502 ; t. V, p. 324.

8. Echard et Quétif racontent sa vie, mais sont muets sur le fait qui suit. Kalt-Eysen exerçait, en 1424, les fonctions d’inquisiteur général à Mayence, Il mourut, en 1465, archevêque de Trontheim en Norvége (Scriptores ord. Præd., t. I, p. 828).

9. Procès, t.V, p. 324.

10. Jacques de Sierk et Raban de Helmstadt. D. Calmet, en rapportant ce trait d’après Jean Nider (Hist. de Lorraine, t. II, p. 906), l’a attribué par mégarde à une nouvelle Pucelle, différente de celle-ci, dont il parle cependant plus haut (Ibid., p. 703).

11. Procès, t. V, p. 325. Cf. la Chronique du doyen de Saint-Thibaud (Ibid., p. 324).

12. Hist. de Charles VII, t. II, p. 368.

13. V. D. Calmet, Hist. de Lorraine, t. II, p. 703.

14. Chronique du doyen de Saint-Thibaud (Procès, t. V, p. 323).

15. « A Pierre Baratin et Jehan Bombachelier, pour bailler à Fleur-de-Lilz, le jeudi veille de saint Lorens, IXe jour du moys d’aoust, pour don à lui fait, pour ce qu’il avoit aportées lectres à la ville de par Jehanne la Pucelle ; pour ce, 48 s. p.» «.... A Regnault Brune, le XXVe jour du dict moys, pour faire boire ung messagier qui apportait lectres de Jehanne la Pucelle, etc. » Comptes de la ville d’Orléans (Procès, t. V, p. 326).

16. Vallet, Hist. de Charles VII. t. II, p. 376. note.

17. Ibid.

18. « Le Ve jour d’aoust MCCCCXXXVI, à matin, pour dix pintes et choppine de vin prises chez Jehan Hatte, au pris de 10 d. p. la pinte, données et présentées à Jehan, frère de la Pucelle ; pour ce, 8 s. 9 d. p. « A Berthault Fournier, poulailler, pour douze poulez, douze pigeons, deux oisons et deux levras, donnez et présentez audit frère de la Pucelle... ; pour ce, 38 s. p. » Comptes de la ville d’Orléans (Procès, t. V, p. 275).

19. Comptes de la ville d’Orléans (Ibid., p. 326, 327). V. note 1, ci-dessus.

20. Ibid., p. 274. Il est fait mention de ces services dans les comptes municipaux de cette année même 1436, et dans ceux de l’année 1439, où la fraude de Jeanne des Armoises n’était pas encore découverte, Il fut supprimé ensuite.

21. Comptes de la ville d’Orléans (Procès, t. V, p. 327).

22. Ibid.

{{Refa|23 D. Calmet, Hist. de Lorraine, t. III, p. CXCV ; Procès, t V, p. 328.

24. Tichemont (Moselle), dont son mari lui avait sans doute donné la seigneurie.

25. Procès, t, V, p. 325.

26. Journal de Paris (Ibid., p. 335). Ce passage est obscur dans le texte reproduit par M. Quicherat ; mais une autre rédaction, qu’il cite en note, donne un sens plus clair et me permet d’établir ainsi l’ordre des faits.

27. Journal de Paris (ibid.).

28. Jacquet Leprestre, le XVIIIe jour de juillet, pour dix pintes et choppine de vin présentées à dame Jehanne des Armoises ; pour ce, 14 s. p. — A lui, le XXIXe jour de juillet, pour dix pintes et choppine de vin présentées à ma dicte dame Jehanne ; pour ce, 14 s. p.— A lui, le pénultième jour de juillet, pour viande achatée de Perrin Basin, présent Pierre Serin, pour présenter à madame Jehanne des Armoises ; pour ce, 40 s. p. » Etc. Comptes de la ville d’Orléans (Procès. t. V. 331),

29. Ibid.

30. Ibid., p. 331. Cf. ibid., p. 112.

31. Ibid., p, 332.

32. Hist. de Charles VII, t. II, p. 368. Voici cet article : « A Jehan Drouart. la somme de 60 s. t. pour ung voiage qu’il a fait pour, en ce présent moys, estre allé à Orléans porter lettres clouses que M. le bailli [de Touraine] rescripvoit au roy nostre sire, touchant le fait de damme Jehanne des Armoises et unes lettres que laditte damme Jehanne rescripvoit audit seigneur. » (Procès, t. V, p. 332.)

33. Hist. de Charles VII, t. II, p. 368 et 369.

34. Archives nat., J 176, cote 84. Quicherat, Procès, t. V, p. 332.

35. Même pièce. Procès, t. V, p. 333.

36. M. Vallet, dans une note rectificative placée à la fin de son second volume (p. 456-458), rétablit la distinction entre les deux personnages ; mais il semble croire encore que Claude ou Jeanne des Armoises fut mêlée à une expédition du Mans, sans autre autorité que la lettre de rémission obtenue par Jean de Siquenville. M. Wallon (Jeanne d’Arc, loc. cit.) a interprété les textes comme M. Vallet.

37. Chronique du connétable de Luna. Madrid, 1784, in-4o, p. 131 ; Procès, t. V. p. 329.

38. Procès, ibid., note.

39. Arcère. Hist. de La Rochelle, t. I, p. 271 ; Procès, t. V, p. 104.

40. Chronique du religieux de Dunfermling ; ibid., p. 340.

41. Journal de Paris ; Procès, t. V, p. 335.

42. V. Quicherat, Procès, t. IV, p. 281. Dans le troisième volume de son Histoire de Charles VII (p. 424), M. Vallet de Vriville, estimant que Pierre Sala devait s’être trompé de date, fait rapporter son récit à Jeanne la Féronne, la Pucelle du Mans, condamnée en 1461, vingt ans plus tard, et emprisonnée à Tours. Mais on ne saurait admettre un écart de vingt ans dans la mémoire même d’un vieillard sans quelque raison probante : or, ce n’en est pas une que le mal de jambe dont le Roi souffrait à peu près vers la même époque (en 1459), et d’où M. Vallet tire un synchronisme un peu forcé. Du reste, Jeanne la Féronne s’étant donnée, non pas pour Jeanne d’Arc ressuscitée, mais seulement comme une autre vierge inspirée, le texte de Sala lui semble inapplicable de tout point. Le savant historien a donc été moins heureux qu’ailleurs en s’affranchissant de « rectifier et de compléter » ce qu’il avait dit plus haut sur les fausses pucelles ; car, après avoir, dans la note spéciale ajoutée à la fin de son second volume, rétabli la distinction entre la dame des Armoises et la Féronne, il rétablit, dans son troisième, la confusion.

43. « Une appelée Jehanne, qui se disoit Pucelle, » etc. V. ci-dessus.

44. Hist. de Charles VII, t. II, p. 425.

45. Procès, t. IV, p. 281.

46. « Il a bien esté depuis une faulcement surnommée Pucelle, du Mans, ypocrite, ydolatre,... qui, selon son misérable estat, essaya à faire autant de maulx que Jehanne la Pucelle avoit fait de biens. Après sa chimérale, ficte et mensongère dévotion..., comme vraye archipaillarde, tint lieux publiques. » Livre des Femmes célèbres, composé en 1504 par Antoine Dufaur. Ce texte a été néanmoins inséré par l’éditeur du Procès au nombre des pièces relatives à Jeanne des Armoises (t. V. p. 336). Cf. Hist. de Charles VII, t. II, p. 370 et 458 ; et Jeanne d’Arc, par M. Wallon, t. II, p. 299.

47. On trouve dans la plupart des autres documente la leçon des Hermoises ou des Harmoises.

48. Observons toutefois qu’elle conserva des partisans quand même, puisque le doyen de Saint-Thibaud, en 1445, n’était pas encore désabusé et que l’on continua fort longtemps de croire, en Lorraine, au mariage et à la postérité de la Pucelle.

49. Elle l’était sans doute déjà en 1440 ; car il lui fut reproché alors, à Paris, d’avoir été mariée (V. plus haut). D. Calmet, qui donne la généalogie de la famille des Armoises et qui mentionne le mari de Jeanne (Hist. de Lorraine, 2e édition, t. V), n’indique pas l’époque de sa mort.

50. Voici le texte intégral de la lettre de rémission :
« René, par la grace de Dieu, roy de Jherusalem et de Sicille, duc d’Anjou, per de France et duc de Bar, comte de Prouvance, de Fourcalquier et de Pimont, à touz ceulx qui ces présentes lectres verront, salut. « Humble supplication de Jehanne de Sermaises [sic pour des Ermaises], à présent femme de Jehan Douillet, avons receue, contenant que, par hayne que ont conceu contre elle aucuns des parans de la damme de Saumoussay, à leur prochaz ou autrement, elle a esté mise en noz prisons de Saumur et ilecq détenue par l’espace de troys moys ou environ ; et luy a esté imposé par aucuns noz officiers au dit lieu de Saumur qu’elle s’estoit fait appeller par long temps Jehanne la Pucelle, en abusant et faisant abuser plusieurs personnes qui autres foiz avoient veu la Pucelle qui fut à lever le siège d’Orléans contre les anciens ennemis de ce royaulme ; et à celle occasion, jassoit ce qu’il n’y ait eu autre charge contre elle, a esté par nos officiers du dit lieu de Saumur bannie de nostre dit pays d’Anjou et deffendu de n’y entrer ne converser en aucune manière ; par le moyen duquel bannissement la dite suppliante ne ouse aller ne venir en nostre dite ville de Saumur, pour doubte d’offenser contre nous et nostre justice ; requérant humblement que, actendu qu’elle ne fut onques actainte d’aucun autre villain cas, blasme ou reprouche, nous lui voulussons donner et octroyer congé et lixance d’aller, venir et séjourner par tout nostre dit pays d’Anjou comme elle eust fait ou peu faire paravent le dit bannissement, et lui impartir nostre grace et miséricorde sur ce.
« Savoir faisons que nous, ayans considéracion aux choses dessus dites, et mesmement à la requeste d’aucuns qui de ce nous ont supplyé et requis, avons voulu et consenti, voulons et consentons et nous plaist que la dite Jehanne puisse aller et venir par tout nostre dit pays d’Anjou et ou bon lui semblera, non obstant le dit bannissement, jusques à cinq ans à compter du jour et dabte de ces présentes, sans ce que en ce lui soit donné aucun destourbier ou empeschement, pourveu toutesvoys que doresenavant elle se portera honestement tant en abiz que autrement, ainsi qu’il appartient à une femme de faire.
« Si donnons en mandement par ces dites présentes à nostre très cher et féal conseiller et premier chambellan le senneschal de nostre dit pays d’Anjou, ou à ses lieuxtenans en nostre dit pays d’Anjou, et à touz noz autres justiciers et officiers et subgez, et à chacun d’eulx, que la dite Jehanne de Sarmaises [sic pour des Armoises] facent, souffrent et laissent joïr et user de ces présentes selon leur forme et teneur le dit temps durant, sans en ce lui donner ne souffrir estre fait, mis et donné empeschement en aucune manière. Et affin que ce soit chose ferme et estable, nous avons faict mectre et apposer notre seel à ces dites présentes. « Donné en nostre chastel d’Angiers, le... jour de février, l’an de grace mil CCCC cinquante six [1457 suivant le nouveau style]. » (Archives nationales, P 1334 3, cote 10, fol. 199.)

51. Du vivant même de Jeanne d’Arc, et lorsqu’elle venait à peine d’être prise devant Compiègne, une intrigue avait déjà été ourdie pour la remplacer auprès du Roi par un jeune berger, venu des montagnes du Gévaudan, et qui se présentait comme inspiré. V. Procès, t. V, p. 160 et suiv.

52. Aperçus nouveaux sur l’histoire de Jeanne d’Arc, Paris, 1850, in-8o, p. 157.

53. Ibid.

54. Procès, t V, p. 321.

55. D. Calmet publiait en 1728 le volume où il mentionne cette curiosité (Hist. de Lorraine, 1re édition, t. II, p. 703).