moyen de se faire de nouveaux ennemis, entre autres la dame de Saumoussay et sa famille, avec lesquelles elle eut des relations dont la nature n’est pas indiquée, mais qui finirent par l’amener dans les prisons de Saumur. Elle y resta trois mois, sans que les officiers du roi de Sicile, duc d’Anjou, puissent relever contre elle d’autre charge précise que de s’être fait longtemps passer pour la Pucelle. Relâchée enfin, elle fut bannie de la ville de Saumur et de toute la province, avec défense « d’y entrer ni converser en aucune manière. »
C’est cette condamnation qui fait l’objet de la rémission octroyée par le roi René. Ce prince se trouvait alors en son château d’Angers : il put voir et juger lui-même la coupable, qui recourut à sa clémence bien connue. Il parait que certains personnages s’intéressaient encore à elle et plaidèrent sa cause auprès du duc d’Anjou. Celui-ci les écouta favorablement, mais en accordant la remise de toute peine à la suppliante, il apporte à cette faveur des restrictions qui trahissent un reste de défiance. Il ne lui rend la faculté de circuler et de séjourner dans le pays d’Anjou que pour cinq ans à dater du jour de la rémission, se réservant sans doute de prolonger l’autorisation au bout de ce délai, s’il n’y a pas d’inconvénient. De plus, il y met cette condition expresse, que ladite dame se comportera d’une façon honnête, « tant en habits qu’autrement, ainsi qu’il appartient à une femme de faire. » Moyennant quoi, le sénéchal d’Anjou et tous les autres officiers de justice devront lui laisser pleine et entière liberté 50.