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même une nouvelle supplique ; toutes les deux : sont portées par le même courrier à Orléans, où le Roi s’était arrêté en revenant de visiter sa capitale reconquise et se préparait à réunir les Etats généraux. Jeanne espérait que les amis qu’elle avait laissés là prendraient ses intérêts, appuieraient sa démarche, ou, tout au moins, témoigneraient en sa faveur auprès du prince. L’article des comptes de la ville de Tours où est mentionné ce double message semble avoir été mal compris de M. Vallet, qui parle, sans autre fondement, d’une correspondance échangée entre le bailli et l’aventurière 32.

Le même historien, après avoir rapporté sommairement les faits qui précèdent, place avant la réception de la dame des Armoises à Orléans, et vers le mois de juin, certains exploits par lesquels elle se serait signalée en Poitou, puis dans une expédition contre la ville du Mans, avec le titre de « capitaine de gens d’armes » et le concours d’un gentilhomme gascon, son lieutenant 33, L’acte où sont puisés ces renseignements est une lettre de rémission accordée par le Roi, en juin 1441, au gentilhomme en question, Jean de Siquenville, coupable d’avoir appati ou rançonné plusieurs villages d’Anjou et de Poitou. D’après sa teneur, le trop fameux Gilles de Rais, conseiller du Roi, maréchal de France, avait donné à ce personnage, deux ans avant ou environ, la charge et gouvernement des gens de guerre « que avoit lors une appelée Jehanne, qui se disoit Pucelle, » disant qu’il voulait marcher contre Le Mans, « et que, s’il prenoit le dit Mans, qu’il en seroit cappitaine 34. » Cette dernière promesse s’appliquait évidemment au suppliant, Jean de Siquenville, et rien n’indique expressément que Jeanne ait eu une capitainerie, ni que l’écuyer de Gilles de Rais ait été son lieutenant. Il semble plutôt qu’il fut installé en son lieu et place à la tête d’une troupe de partisans qui battaient la campagne à la faveur du désordre auquel ces malheureuses contrées étaient en proie. Une guerre civile, prélude