de son côté au Roi, et remet sa lettre au poursuivant d’armes Cœur-de-Lis, qui lui a apporté la réponse des gens d’Orléans. Ce courrier est de retour le 2 septembre et repart immédiatement pour Loches, où, sept jours après, il dépose son message entre les mains de Charles VII 21. Il est regrettable pour nous de ne pas connaître le contenu de toutes ces dépêches ni l’objet précis de tant de démarches pressantes, qui était sans doute, avant tout, d’obtenir une audience royale. A cette époque, d’après les mêmes comptes municipaux, la fausse Pucelle était revenue momentanément à Arlon 22. Nous la retrouvons le 7 novembre à Metz ou aux environ, vendant, de concert avec son mari, à Colard de Failly, écuyer de Marville, sa part de la seigneurie d’Haraucourt 23. Elle est qualifiée, dans cet acte publie, « Jehanne du Lys, la Pucelle de France, dame de Thichiemont 24. » Aux sceaux des contractants sont joints ceux de Jean de Thonne-le-Thil, seigneur de Villette, et de Saubelet de Dun, prévôt de Marville, leurs « très-chers et grans amis. »
Quelque temps après, s’il faut s’en rapporter à l’inquisiteur allemand cité plus haut, la dame des Armoises, oubliant toute retenue et compromettant à plaisir sa cause, aurait quitté la maison conjugale pour vivre en concubinage avec un clerc de Metz ; « ce qui démontra manifestement la nature de l’esprit qui l’inspirait 25. » Elle n’abandonna pas pour cela ses prétentions et ne perdit point tous ses partisans. Bien qu’elle fasse moins parler d’elle les deux années suivantes, il paraît que, dans cet intervalle, elle passa en Italie, sous prétexte d’aller chercher l’absolution du Pape pour un cas réservé, « comme de main mise sur son père ou mère, prestre ou clerc, violentement. » On lui reprocha plus tard « que, pour garder son honneur, comme elle disoit, elle avoit frappé sa mère par mésaventure, comme elle cuidoit férir un autre, et pour ce qu’elle eust bien eschevé sa mère, se n’eust esté la grande ire où elle estoit (car sa mère la tenoit, pour ce qu’elle vouloit battre une sienne commère) ; pour ceste cause lui convenoit aller à Rome 26. »