Pendant qu’elle écrivait elle-même, par deux fois, aux bourgeois d’Orléans 15, Jean du Lys travaillait de son côté à la faire reconnaître, et venait dans ce but, au mois d’août 1436, trouver le Roi en Touraine, où il était occupé aux fiançailles d’Yolande, sa fille, avec le prince Amédée de Savoie 16. Charles VII paraît l’avoir bien reçu, sans cependant ajouter foi à la résurrection de sa sœur, on lui fit ordonnancer une somme de cent francs ; mais, n’ayant pu en toucher que la cinquième partie, Jean revint ; jusqu’à Orléans, où lui et les siens étaient en grand honneur, et il exposa aux officiers de la ville qu’il était très-embarrassé ; que, sur les vingt francs qu’il avait reçus, il en avait déjà dépensé douze ; « que huit francs étaient peu de chose pour s’en retourner, » accompagné, comme il l’était, de quatre cavaliers. Les magistrats généreux lui firent délivrer douze livres tournois 17, et de plus le régalèrent splendidement 18. Il est curieux d’observer que la ville d’Orléans, tandis qu’elle acceptait pour authentiques et mentionnait comme telles dans ses comptes les lettres de la Pucelle écrites par la dame des Armoises, et qu’elle expédiait à celle-ci des réponses par messagers 19, n’en célébrait pas moins les anniversaires et les offices funèbres de « feue Jehanne la Pucelle 20. » L’opinion des habitants était donc vraisemblablement divisée au sujet de la réapparition de leur libératrice et de la véracité des étonnantes nouvelles apportées par son frère.
Durant le voyage de ce dernier, Jeanne des Armoises écrit