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tretint le Pape au sujet des Templiers. Nous tenons ce renseignement d’une lettre de Clément lui-même et le roi agissait ainsi par amour de la religion[1].

Mais ces pourparlers étaient vagues : le Souverain Pontife se plaisait, du reste, à combler le roi de grâces. Le 1er janvier 1306, il lui accordait le droit de nommer à la première prébende qui deviendrait vacante dans chacun des chapitres cathédraux ou collégiaux du royaume[2] ; il exerçait en même temps, avec l’agrément de Philippe le Bel, le droit de provision apostolique en nommant directement ses amis aux meilleurs évêchés de France. C’est ainsi qu’il promut l’évêque d’Agen à l’évêché-pairie de Langres[3]. Philippe n’était pas homme à ne pas abuser. Il voulut aussi profiter du droit de collation apostolique pour faire placer ses conseillers les plus dévoués, ses créatures les plus serviles à la tête de l’épiscopat français. Il importuna Clément tout le temps de son pontificat en faveur de ses agents dont il récompensait aussi les services par les plus hautes dignités ecclésiastiques. Clément tout d’abord se montre fort empressé : le 4 février 1306, il répondait à une épitre où le roi affectait de s’informer de la santé du Pontife et le priait de réserver à la disposition apostolique certain évêché : « Nous avons reçu avec plaisir les lettres où Votre Sérénité, en fils dévoué, nous demandait des nouvelles de votre père. Quoique nous ayons été, pendant quelques jours, fort oppressé par un rhume, maintenant, avec la grâce de Jésus-Christ, nous jouissons d’une

  1. « Sane a memoria tua non credimus excidisse quod Lugduni et Pictavis de facto Templariorum zelo fidei devotionis accensus nobis tam per te quam per tuos pluries locutus fuisti. » Lettre du 9 des calendes de septembre (24 août), an II (1307), Ms. 10919, fol. 67 ; Baluze, t. II, p. 75.
  2. Datum Lugduni, kalendis januarii, pontificatus nostri anno primo, Ms. 10919.
  3. « Sane Lingonensis ecclesie, per obitum bone memorio Johannis Lingonensis episcopi, solacio destitute pastoris, nos, ad ecclesiam ipsam, utpote devotam et fidelem Ecclesie Romane filiam gerentes paterne dilectionis affectum, et ad prosperum statum ejus, patris more benivoli sollicite intendentes, ordinacionem ipsius ecclesie Lingonensis, ea vice, provisioni et disposicioni sedis apostolice duximus reservandam ; decernentes ex tunc irritum et inane, si secus in hac parte scienter vel ignoranter contingeret attemptari… B. tunc Agennensem episcopum a vinculo quo Agennensi ecclesie tenebatur astrictus absolvimus et ad Lingonensem ecclesiam transtulimus supradictam, ipsum que illi, de fratrum nostrorum consilio et apostolice plenitudine potestatis, in episcopum prefecimus et pastorem, liberam sibi tribuentes licentiam ad ejusdem Lingonensis ecclesie regimen transeundi… » Datum Lugduni, XI kal. februarii, pontificatus nostri anno primo. Ibid., fol. 40 vo.