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bord classé dans le fonds des cartulaires, no 170 ; il est rangé actuellement dans le fonds latin et porte le no 10919. C’est un registre de format in-4o, en velin, de 243 folios : il est à deux colonnes, l’écriture est des premières années du XIVe siècle. Comme format, exécution matérielle et apparence, il ressemble au registre XXVIIIe du Trésor des Chartes qui renferme la chronique du moine des Vaux de Cernay sur la croisade des Albigeois et une collection de précieux documents sur le différend de Philippe le Bel avec Boniface VIII. Une note d’une feuille de garde de ce registre apprend qu’il appartenait à Pierre d’Étampes, et Pierre d’Étampes fut garde du Trésor des Chartes sous Philippe le Bel. Il était donc à même d’être bien informé ; aussi peut-on croire qu’il fit, pour son usage, deux recueils de pièces relatives aux plus graves événements qui se passèrent de son temps, c’est-à-dire à l’affaire de Boniface VIII et au procès des Templiers. Après sa mort ces deux importants recueils, composés de documents officiels, de copies de lettres intimes du roi et des Papes, de mémoires politiques, de pièces diplomatiques, furent saisis au nom du roi et déposés dans les archives de la couronne. Une partie des pièces transcrites par Pierre d’Étampes existent en originaux au Trésor des Chartes ; en un mot, tout démontre que l’on doit accorder la plus grande confiance au registre 10919.

Ici se place une remarque d’une importance capitale. Baluze, comme nous l’avons dit plus haut, a publié une partie des lettres échangées entre Philippe le Bel et Clément V, renfermées dans ce volume : cela est vrai, mais il a laissé de côté des lettres de la plus haute gravité, décisives même pour apprécier sainement le rôle de Clément V dans l’affaire des Templiers. C’est ainsi qu’il a omis une lettre par laquelle le Pape, instruit seulement par la voix publique de l’arrestation des Templiers, se plaint amèrement de cet acte illégal accompli malgré les promesses du roi. Quel motif a pu porter un érudit comme Baluze à supprimer certains actes ? Dupuy en a fait autant pour quelques autres documents ; mais Dupuy, qui s’était constitué le défenseur et l’apologiste de Philippe le Bel, ne se croyait pas tenu, bien à tort, d’alléguer ce qui pouvait être contraire à la thèse qu’il soutenait. Il n’en était pas de même de Baluze, qui publiait sur les Papes d’Avignon une série de chroniques et d’actes authentiques destinés à éclairer leur histoire. Évidem-