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858 LE DANGER DES MAUVAISES LECTURES

mêmes, la « lumière divine qui, selon le psalmiste, nous montre les sentiers où nous devons marcher. »

Des faits éclatants prouvent hélas ! que telle est l’histoire de tous ceux qui se sont hasardés à la lecture plus ou moins assidue des livres ou des journaux hostiles à la religion.

Des docteurs illustres, des hommes cultivés, et non seulement des enfants, des ignorants ou des « primaires », se sont pervertis à la lecture des livres « hardis. » L’histoire l’atteste, et l’expérience.

Les écrits d’Arius et de ses partisans gagnèrent à la cause de l’hérésiarque un grand nombre d’évêques. Eutychès était le champion de la foi au 5e siècle : un ouvrage manichéen en fit un hérésiarque. Au témoignage de Saint Jérôme, l’Espagne et le Portugal furent pervertis par les livres des Priscillianistes. Avit, disciple de Saint Jérôme, se laissa séduire à certains ouvrages d’Origène. Lorsque le protestantisme naissant inonda l’Europe de brochures incendiaires, partout colportées en même temps que d’énormes in-folio, non seulement des laïques instruits, mais de nombreux prêtres et religieux passèrent à l’hérésie. Au 16e siècle, Bullinger, président de l’Église de Zurich, se disposait à entrer à la Chartreuse ; la lecture d’un livre de Mélanchton le fit apostat.

Le bienheureux cardinal Bellarmin remerciait Dieu d’avoir été préservé de la contagion hérétique, malgré les livres des novateurs qu’il avait dû lire pour les réfuter. D’autres, sans doute moins prudents ou moins humbles, ne furent pas à l’abri de la contagion : Loisy s’intoxiquant de Harnack qu’il voulait primitivement réfuter, n’est pas un exemple isolé… Mais la discrétion nous empêche de citer d’autres noms moins connus.

Sans descendre aux personnalités, nous pouvons bien rappeler que de grands courants d’idées très peu orthodoxes, tels que le jansénisme, le gallicanisme, le libéralisme, le modernisme, etc., favorisés par une abondante littérature, entraînèrent bon nombre d’hommes très instruits et très honorés.

On l’a souvent remarqué, ce ne sont pas seulement des prolétaires, mais des avocats, des médecins, voire