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LE DANGER DES MAUVAISES LECTURES 857

bre de l’Académie française, recteur de l’Institut catholique de Paris. Mgr Baudrillart n’a jamais lu un livre mauvais ni même un livre suspect ! Quelle leçon pour ces soi-disant « adultes » qui, dédaigneux des « primaires », s’imaginent et proclament qu’ils ont le droit d’agréer, de concevoir, de favoriser et de répandre « tous les genres, toutes les formes et toutes les initiatives » de la littérature et de l’art !

Mais entrons dans quelques détails. Et tâchons de démontrer que le danger des mauvaises lectures est un danger réel, pour les adultes et les adultes cultivés, soit qu’il s’agisse de la foi, soit qu’il s’agisse des mœurs.

Ce danger est réel
d’abord pour la foi des adultes
et des adultes cultivés

Des hommes se rencontrent, il est vrai, qui n’ont presque rien à redouter des attaques et des artifices de l’impiété. Ils sont parés, préparés par une solide discipline de l’esprit, ils ont fait, comme l’on dit, le tour des choses, ils savent discerner sans peine les prestiges de l’erreur et les sophismes les plus déliés. Mis en présence d’un livre irréligieux ou impie, ils souriront de pitié ou de mépris ; ils ne seront ni surpris, ni choqués, ni surtout ébranlés.

Oui, ces hommes existent, mais d’abord ils sont très rares. Et ensuite, si instruits et si attachés à leurs croyances qu’ils soient, ils ne sortent pas toujours parfaitement intacts de l’épreuve de ces lectures. Ni leurs lumières, ni leur état de solide possession, ni la réaction du mépris ne suffisent à neutraliser totalement l’effet du virus.

C’est d’expérience. Après avoir parcouru certaines pages perfides, on éprouve un malaise, on se sent troublé ou ébloui, comme si on avait regardé fixement un objet très brillant. Les savants nous enseignent que la vision prolongée des couleurs éclatantes a fait perdre la vue à bien des gens. Dans le domaine de la foi, il en est de même ; les papillotages de l’impiété ont éteint, chez nombre de lecteurs qui se croyaient sûrs d’eux-