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856 LE DANGER DES MAUVAISES LECTURES

par tous les théologiens, elle est prêchée par les ministres de Dieu dans tous les pays et dans tous les milieux, aux intellectuels comme aux simples, aux grands comme aux petits, aux mandarins éblouissants comme aux primaires les plus obscurs. Le danger des mauvaises lectures, s’il est variable dans ses effets comme nous l’avons dit, concerne, en principe, l’universalité des chrétiens. Qui amat periculum in illo peribit (Eccli., III, 27) : cet avertissement du Saint-Esprit ne s’adresse pas seulement aux primaires…

Dans une allocution qu’il adressait aux noëlistes, en août 1918, Mgr Baudrillart fit cette confidence : « On me parlait tout à l’heure de Lourdes de Zola, et j’avouais que je ne l’avais pas lu. Je vous déclarerai même que, malgré mon âge — je vais avoir soixante ans — depuis environ quarante ans que ma profession me retient dans les lettres, je n’ai jamais lu un livre mauvais, ni même un livre suspect, chaque fois que j’ai eu connaissance par des comptes-rendus qu’ils étaient tels. » (Le Noël, 12 septembre 1918, p. 384).

Ainsi pense Mgr Baudrillart, évêque d’Himéria, mem-


    incalculable. Et c’est, à se demander, d’abord, si tous les critiques catholiques ont bien conscience de la responsabilité formidable qu’ils encourent ; ensuite, si parmi tant de réformes à accomplir pour le salut des âmes et de la société, il ne faudrait pas donner une place plus importante à la réforme de la critique.

    L’Église a, plus d’une fois, attiré notre attention sur ce point. Et avec quelle force ! Voici, par exemple, un « avis du Saint-Office aux Ordinaires » daté du 15 mars 1923.

    « Il n’est pas rare de voir des écrivains, même généralement réputés bons catholiques, louer, vanter, approuver, dans les journaux ou les revues, des livres, écrits, tableaux, sculptures, d’autres productions de l’esprit et d’art contraires à la doctrine catholique ou au sens chrétien, parfois même formellement condamnées par le Saint-Siège.

    « Si les pasteurs des âmes ferment les yeux sur ces faits et les laissent se produire impunément, de quel grave scandale pour les fidèles, de quelle atteinte à la foi et aux mœurs, ne peuvent-ils être cause, il est facile, de le comprendre. En vue de prévenir ce danger, la Suprême Congrégation du Saint-Office a décidé, avec l’approbation de Sa Sainteté le Pape Pie XI, d’adresser aux Ordinaires l’avertissement suivant : leur charge leur fait un devoir, à l’égard de tels de ces publicisles qui pourraient relever directement d’eux (surtout s’ils appartiennent au clergé, séculier ou régulier), de prendre sans aucun retard, soit personnellement soit en utilisant le concours du Conseil de vigilance, les mesures que devant Dieu ils estimeront les plus efficaces. »