Page:Revue des grands procès contemporains, tome 30, année 1912.djvu/18

Cette page a été validée par deux contributeurs.

II

Vous avez, en second lieu, le droit et le devoir de surveiller l’école.

Il faut que vous connaissiez les maîtres qui la dirigent et l’enseignement qu’ils y donnent. Rien de ce qui est mis entre les mains et sous les yeux de vos enfants ne doit échapper à votre sollicitude : livres, cahiers, images, tout doit être contrôlé par vous.

Outre le péril de la foi, il y a péril de la vertu ; vous devez vous en préoccuper aussi, surtout s’il s’agit de ces écoles mixtes, où l’on pratique, par le mélange des enfants des deux sexes, un système d’éducation contraire à la morale et tout à fait indigne d’un peuple civilisé.

Pour remplir plus efficacement leur devoir, certains pères de famille ont pensé qu’il serait utile de former des associations. Elles permettent, en effet, de se renseigner plus vite sur la situation morale d’une école, et elles donnent plus d’autorité à de justes réclamations, Nous ne pouvons qu’encourager ces associations, Du reste, on aurait tort d’attribuer l’initiative d’où elles procèdent à un sentiment d’hostilité. Les instituteurs qui n’ont rien à se reprocher — on en trouve encore et nous nous plaisons à leur rendre justice — n’ont rien à craindre. Ils doivent se réjouir, au contraire, de voir les familles ne pas demeurer indifférentes au travail de l’école et procurer, en soutenant le zèle des maîtres, une culture aussi intense que possible de l’esprit et du cœur des élèves.

Enfin, Nos Très Chers Frères, nous voulons nous-mêmes vous aider dans l’œuvre de surveillance à laquelle nous venons vous convier. C’est pourquoi, usant d’un droit inhérent à notre charge épiscopale et que les lois et les tribunaux chercheraient en vain à nous contester, nous condamnons collectivement et unanimement certains livres de classe qui sont plus répandus, et dans lesquels apparaît davantage l’esprit de mensonge et de dénigrement envers l’Église catholique, ses doctrines et son histoire.

Ces manuels, dont la liste est annexée à la présente lettre pastorale, contiennent une foule de pernicieuses erreurs. Ils nient, ou présentent insuffisamment démontrées, les vérités les plus essentielles, telles que l’existence de Dieu, la spiritualité de l’âme, la vie future et ses sanctions, la déchéance originelle, et ils rejettent, par voie de conséquence, tout l’ordre surnaturel.

Aussi, nous interdisons l’usage de ces livres dans les écoles, et nous défendons à tous les fidèles de les posséder, de les lire, et de les laisser entre les mains de leurs enfants quelle que soit l’autorité qui prétende les leur imposer.

D’autres manuels se rencontrent, qui mériteraient, peut-être au même degré, la censure de l’Église. Il appartiendra à chaque Évêque de les signaler dans son diocèse, et d’en proscrire l’usage, selon qu’il le jugera opportun.

Cette sentence portée par vos Évêques a l’autorité d’un jugement doctrinal qui oblige tous les catholiques, et en premier lieu les pères de famille. Les instituteurs de leur côté ne pourront pas ne pas en tenir compte ; ils se condamneraient eux-mêmes si dans leurs écoles, dont leurs élèves sont tous ou presque tous catholiques, ils introduisaient des ouvrages que le Pape ou les Évêques, seuls juges compétents en matière d’orthodoxie, ont formellement prohibés.

Vous surveillerez donc de très près, Nos Très Chers Frères, l’enseignement donné à vos