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écoles reconstituées, depuis la dispersion de nos chères communautés enseignantes, est loin de suffire, et il le faudrait augmenter sans cesse. Que les personnes favorisées de la fortune se mettent à l’œuvre, sans objecter les charges nouvelles qu’une loi funeste, la loi de séparation, leur a imposées. La construction d’une école catholique est aussi nécessaire que celle d’une église. Il importe peu d’avoir des églises quand elles restent vides, et les nôtres ne tarderaient pas à se vider, si les écoles d’où l’enseignement religieux est banni continuaient à se remplir.

À côté de l’école libre ou chrétienne, se présente l’école publique ou neutre, dont vous connaissez les origines. Il y a environ trente ans, que, par une déplorable erreur ou par un dessein perfide, fut introduit dans nos lois scolaires le principe de la neutralité religieuse : principe faux en lui-même et désastreux dans ses conséquences. Qu’est-ce, en effet, que cette neutralité, sinon l’exclusion systématique de tout enseignement religieux dans l’école, et, par suite, le discrédit jeté sur des vérités, que tous les peuples ont regardées comme la base nécessaire de l’éducation ?

À toutes les époques et pour tous les pays, les Souverains Pontifes ont dénoncé et condamné l’école neutre.

Le Pape Pie IX la réprouva, le 1er Novembre 1854, dans l’allocution consistoriale prononcée à propos de la loi qui s’élaborait alors en Piémont, Et dans sa lettre à l’Archevêque de Fribourg (14 Juillet 1864), l’illustre Pontife, après avoir condamné la neutralité dans l’enseignement supérieur, ajoutait : « Ce détestable mode d’enseignement, séparé de la foi catholique et de la tutelle de l’Église,… produira des effets plus funestes encore, s’il est appliqué aux écoles populaires, car, dans ces écoles, la doctrine de l’Église doit tenir la première place… La jeunesse est donc exposée au plus grand péril, lorsque, dans ces écoles, l’éducation n’est pas étroitement unie à la doctrine religieuse. »

Léon XIII, s’adressant à la France, a porté à son tour contre ce système de pédagogie la condamnation la plus catégorique et la plus fortement motivée. Il disait, en parlant de l’union nécessaire de l’enseignement avec l’éducation religieuse : « Séparer l’un de l’autre, c’est vouloir que, lorsqu’il s’agit des devoirs envers Dieu, l’enfant reste neutre. Système mensonger et désastreux dans un âge si tendre, puisqu’il ouvre la porte à l’athéisme et la ferme à la religion » (Encycl. Nobilissima Gallorum Gens).

Il enseignait la même doctrine aux Évêques de Bavière (2 Déc. 1887) ; et à ceux du Canada, il déclarait que l’école neutre est « contraire à la foi, aux bonnes mœurs et au bien social » (8 Déc. 1897).

À ces condamnations édictées par les Papes contre l’école neutre, les Évêques de France firent écho dès que le péril s’annonça, et si le régime de la neutralité scolaire s’est établi dans notre pays, il serait injuste de prétendre que ce fait douloureux se soit produit à la faveur de leur silence.

L’école neutre a été réprouvée par l’Église, et cette réprobation que certains esprits taxent d’intolérance se justifie sans peine. N’est-il pas permis de voir dans la suppression de tout enseignement religieux à l’école l’une des principales causes du mal profond dont souffre la France et qui atteint à la fois la famille, la morale et le patriotisme ?

Cependant, l’école neutre existe partout dans notre pays, et dès lors, pères et mères de famille, une question de la plus haute gravité se pose devant votre conscience : vous est-il