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torité paternelle et maternelle : « Enfants, obéissez-en tout à vos pères et à vos mères. C’est la volonté du Seigneur » (Coloss., III, 20).

La mission d’éducateurs qui vous incombe, vous pouvez l’accomplir par vous-mêmes ou par d’autres, et comme vous la confiez d’ordinaire à l’école, il nous paraît très opportun, à cause des conflits de l’heure présente, de vous rappeler quels sont vos droits et vos devoirs, au sujet de cette institution, considérée, à juste titre, comme le prolongement de la famille, puisque le maître n’y instruit les enfants qu’en vertu d’une délégation des parents, auxquels ils appartiennent.

Pères et mères, vous avez d’abord le droit et le devoir de choisir pour vos enfants une école où ils puissent être élevés comme vos croyances le réclament.

Vous avez, en second lieu, le droit et le devoir de surveiller cette école et d’en retirer au plus tôt vos enfants, lorsque vous apprenez qu’elle constitue pour eux un péril prochain de perversion morale, et, par suite, de damnation éternelle.


I

Avant tout, nous tenons à alarmer votre droit et votre devoir de choisir pour vos enfants une école où ils puissent être élevés selon vos principes religieux.

On distingue, sous le régime scolaire en vigueur dans notre pays, deux sortes d’écoles : l’école libre ou chrétienne et l’école publique ou neutre. Il ne sera pas superflu de définir l’une et l’autre, avant de vous dire d’après quels principes vous devez fixer votre choix.

L’école libre ou chrétienne est celle où le maître possède, avec les aptitudes pédagogiques nécessaires, le bonheur de croire, et le courage de vivre selon sa croyance, imitant ainsi l’Instituteur Divin dont les Saints Livres racontent qu’il eut soin de pratiquer sa morale avant de l’enseigner. L’école chrétienne est celle où le maitre inscrit, au premier rang, dans ses programmes, la science religieuse, place entre les mains de ses élèves des livres d’une orthodoxie parfaite, et crée autour d’eux une atmosphère favorable à l’épanouissement de leur foi et de leur vertu. Cette école, vos enfants devraient la rencontrer partout, et l’État serait tenu, en bonne justice, de la mettre à la disposition des familles, surtout dans un pays comme le nôtre, où l’immense majorité professe la religion catholique ; car, ainsi que le disait, avec une suprême autorité, le Pape Léon XIII : « Il importe souverainement que des enfants, nés de parents chrétiens, soient de bonne heure instruits des préceptes de la religion, et que l’enseignement par lequel on a coutume de préparer l’homme et de le former dès le premier Âge, ne soit pas séparé de l’éducation religieuse » (Encycl. Nobilissima Gallorum Gens).

Voilà pourquoi, Nos Très Chers Frères, les vrais catholiques ont toujours compris la nécessité de l’école chrétienne. Quels sacrifices n’ont-ils pas faits pour multiplier, dans les villes et dans les campagnes, ces asiles où la science divine était dispensée, en même temps que la science humaine, par des maîtres dont la religion inspirait le dévouement et dont la compétence avait été bien des fois reconnue par des jurys peu suspects de partialité en leur faveur ? Et quand furent renversés, par la tempête qui sévit encore, ces établissements scolaires où s’abritait l’espoir des familles, quels concours admirables n’avons-nous pas rencontrés chez les catholiques, pour les relever de leurs ruines ? Toutefois le nombre des