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Villiers de l’Isle-Adam. On nous introduisit dans une pièce sévère et plutôt sombre, tendue de vieilles tapisseries, où, après quelques minutes d’attente, un vieux monsieur parut, le père de notre ami, qui, à nos questions, répondit avec un tranquille sourire :

— Auguste est sorti depuis quarante-huit heures et je ne l’ai pas revu ; je ne sais où il est ni ce qu’il fait.

De retour auprès de Mendès, toujours à la même place et toujours seul :

— Eh bien ! s’écria-t-il, que voulez-vous ? Il faut marcher tous les deux. Ces affaires se règlent dans les vingt-quatre heures, et voilà toute une journée perdue.

Il fallut bien nous décider. Chez Hector de Callias où nous nous rendîmes, on nous renvoya à son journal qui, paraissant le matin, se composait là nuit. C’était l’heure du dîner ; dans les grandes salles vides, un employé nous dit qu’il était absent, mais que, vers dix heures, nous étions sûrs de le rencontrer.

Quand nous revînmes, il nous attendait ; nous avions laissé nos cartes, et il devinait Ce que nous lui voulions. C’était un jeune homme de notre âgé, vingt à vingt-cinq ans, qui, quelques années après, fut emporté brusquement ; blond, joli garçon, la figure poupine et rosée, la moustache frisée, de grands yeux myopes à fleur de tête, l’air très doux et très franc.

Il nous raconta à son tour la scène de la veille :

— Je me promenais dans le couloir : j’aperçois Mme Mendès… Vous savez comme elle ressemble à… (le nom d’une actrice que j’ai oublié) ; comme elle devait jouer au même moment, je m’étonnai de la voir là : « Comment, c’est toi ! Que fais-tu là ?… » Ces mots à peine lâchés, je n’ai pas le temps d’expliquer l’erreur, je reçois un coup de poing en plein visage. J’avais bonne envie de riposter ; on se jette entre nous, on nous sépare… Et il veut encore des excuses ! C’est moi plutôt qui serais en droit d’en exiger…

J’étais bien peu fait pour l’office dont je m’étais chargé ; pendant qu’il parlait, je me tenais à quatre pouf ne pas m’écrier : « Eh ! Oui ! Vous avez mille fois raison ! »

Cavalier prit la parole. Comme il l’avait fait au début, et ce fut pour dire que nous devions nous en tenir à notre mission, qui était de demander une réparation et excuses ;