fut instruit de leur projet. Ils avaient juré d’assassiner Alfred. Aussitôt l’esclave court chez son maître.
— Maître, maître, s’écria-t-il… au nom du ciel, suivez-moi.
Alfred fronça les sourcils.
— Oh ! venez, venez, maître, continua le mulâtre avec intérêt.
— Par le ciel, répondit Alfred ; je crois que tu me commandes.
— Pardon, maître… pardon… je suis si troublé… je ne sais ce que je dis… mais, au nom du ciel, venez, suivez-moi… car…
— T’expliqueras-tu, dit Alfred, d’un ton colère…
Le mulâtre hésita.
— Je le veux ; je l’ordonne, reprit Alfred, en se levant d’un air menaçant.
— Maître, on doit vous assassiner cette nuit.
— Sainte Vierge, tu mens…
— Maître, ils en veulent à votre vie.
— Qui ?
— Les bandits.
— Qui te l’a dit ?
— Maître, c’est mon secret… dit le mulâtre d’une voix soumise.
— Es-tu armé, reprit Alfred, après un moment de silence ?
Le mulâtre repoussa quelques haillons qui le couvraient, et laissa voir une hache et une paire de pistolets.
— C’est bien, dit Alfred en s’armant précipitamment.
— Maître, êtes-vous prêt ?
— Partons…
— Partons, répéta le mulâtre en faisant un pas vers la porte…
Alfred le retint par le bras.
— Mais, où allons-nous ?
— Chez le plus près de vos amis, M. Arthur.
Ils allaient sortir, lorsque la porte cria sur ses gonds.
— Enfer, murmura le mulâtre, il est trop tard…
— Que dis-tu ?
Ils sont là, répondit Georges en montrant la porte…
— Ah !…
— Maître, qu’avez-vous ?