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L’amour (tout dieu qu’il est) avec toute sa flamme,
Ne dissoudra jamais les glaçons de son âme ;
Et cette souche enfin n’aimera jamais rien.

Ô malheureux amant ! Ô penser qui me tue !
Quel bizarre destin se rencontre le mien !
Comme Pygmalion j’adore une statue.


SONNET L’AMANT AMBITIEUX

Eh bien, nous en mourrons, si nous aimons Silvie.
Sa rigueur de nos jours éteindra le flambeau ;
Mais un trône vaut moins que ce rare tombeau,
Et je tiens cette mort plus douce que la vie.

Je sens dans mon esprit moins de peur que d’envie ;
Et brûlant de finir par un destin si beau,
d’estime plus qu’un cygne un funeste corbeau
Qui me prédit un sort dont mon âme est ravie.

Qu’on ne me parle plus d’Icare audacieux :
Je sais bien qu’il tomba, mais qu’il tomba des cieux ;
Et que même sa chute a fait toute sa gloire :

Ayons son aventure, ainsi que son orgueil ;
Ayons pour mériter son illustre mémoire
Un astre pour objet et la mer pour cercueil.

SONNET SUR UN MIROIR

Crois-le, crois-le Philis, ce conseiller fidèle,
Lorsqu’il te parlera de ta rare beauté ;
Et sans plus condamner l’amour que j’ai pour elle,
Vois en lui mon excuse et vois ta cruauté.