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TRISTAN (Flora), dame Chazal.


PÉRIGRINATION D’UNE PARIA, 2 vol. in-8, 1833-34. — Sous ce titre, Mme Flora Tristan nous donne, au lieu d’un roman, une relation de ses voyages. La Paria n’est pas la femme d’un de ces pauvres excommuniés des bords du Gange, mais l’auteur elle-même, mal mariée, séparée de son mari, et placée dans cette situation ambiguë qui n’est ni le mariage, ni le veuvage, ni le célibat ; une femme qui n’ose plus se parer de sa qualité, parce que sa qualité est devenue pour elle une cause de réprobation, une source d’avanies. « En me séparant de mon mari, dit Mme Flora Tristan, j’avais abandonné son nom et repris celui de mon père. Bien accueillie partout, comme veuve ou comme demoiselle, j’étais toujours repoussée lorsque la vérité venait à se découvrir. » Et cette vérité se découvrait d’autant plus aisément, que Mme Flora était mère, et habitait dans la même ville que son mari. Jeune, jolie, paraissant jouir d’une ombre d’indépendance, elle endura pendant six ans le supplice d’une existence dans laquelle tout est gêne, amertume, déception. Au bout de ces six années (elle avait alors vingt-six ans), elle prit le parti d’aller se jeter au sein de sa famille du Pérou, en lui demandant un peu de fortune et de protection. Pendant le voyage, Mme Flora souffrit beaucoup ; mais elle eut pour s’indemniser les tendres soins d’un capitaine à qui elle inspira une tendre passion qu’elle ne put partager. Une fois arrivée, Mme Flora nous dédommage des ennuis d’une navigation passablement monotone, par des descriptions fort curieuses de pays, de villes et de personnages. Valparaiso, Aréquipa, Lima, sont les trois grandes villes qu’elle visite successivement. L’intérieur de la maison de son oncle, Pio de Tristan, celui des couvents d’Aréquipa ; l’aperçu de la politique péruvienne ; la peinture des habitudes et des modes limeniennes, lui fournissent des chapitres instructifs et fort amusants. — On lira avec d’autant plus d’intérêt aujourd’hui l’ouvrage de Mme Flora Tristan, qu’on sait que cette femme malheureuse a manqué d’être victime de la vengeance de son mari, qui a tenté de l’assassiner en plein jour dans une rue de Paris, en lui tirant à bout portant un coup de pistolet.

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TROLLOPPE (mistress), romancière anglaise.


MŒURS DOMESTIQUES DES AMÉRICAINES, 2 vol. in-8, 1832. — L’ouvrage de mistress Trolloppe est un ouvrage fort amusant ; c’est une peinture satirique de l’Amérique, faite par une femme d’esprit et d’imagination, qui, partie avec les plus belles idées sur les mœurs et les institutions d’au delà des mers, se trouve, une