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bles sont : la Trappistine, la Mort d’un Montmorency, et l’Écrivain public. — La Trappistine est une histoire fort touchante. L’auteur y montre une femme jeune, belle, riche, qui, du haut d’une position heureuse et considérée, se voit tomber tout à coup dans un état voisin de la misère et du déshonneur. Il y a quelque chose de poignant et de terrible dans la découverte subite d’un secret qui, mis par hasard au jour, vient un beau matin vous apprendre que le bonheur où la vie s’épanouissait, n’était qu’une hypothèse fragile. Il était difficile de rendre d’une manière plus dramatique que ne l’a fait l’auteur, la position d’une femme à qui amour, aisance, considération, ces trois grandes bases du bonheur domestique, viennent à manquer tout à coup. — La mort de Montmorency, pris en 1632 par l’armée royale, contre laquelle il combattait, et décapité à Toulouse par ordre de Richelieu, est un drame fort intéressant. — L’Écrivain public est une satire spirituelle et légère du temps présent.

LE MAGNÉTISEUR, 2 vol. in-8, 1834. — La duchesse d’Avarenne, maîtresse du comte d’Artois, se trouve, à la suite d’une intrigue de cour, exilée dans son château d’Étang, où elle attend des nouvelles du prince, qui lui envoie une lettre fort cavalière par le meunier Jean d’Aspert, fort beau garçon de vingt-cinq ans. Introduit le soir près de la duchesse, d’Aspert la trouve dans un négligé plus que galant, et ne dissimule pas l’admiration qu’il éprouve à la vue des beautés qu’abandonne à ses regards le simple et mobile appareil de la grande dame. La duchesse sait fort bon gré à Jean de son admiration, de ses vingt-cinq ans, de sa belle taille, et sous le prétexte de lui faire raconter une histoire du magnétiseur, elle le retient dans sa chambre à coucher, où Jean n’oublia qu’une chose, ce fut de raconter l’histoire que la duchesse lui avait demandée. Onze ans plus tard, en 1798, nous retrouvons à Rome la duchesse d’Avarenne émigrée, et Aspert, devenu général de la république. La duchesse est compromise pour n’avoir pas voulu saluer une madone, lorsque le général la sauve au péril de ses jours. Pour prix de ce service, d’Aspert demande à la duchesse de lui dire ce qu’elle a fait de leur fils ; Mme  d’Avarenne répond avec toute la hauteur d’une femme de son rang qui veut bien s’oublier un moment, mais qui ne veut pas qu’on le lui rappelle. Cependant elle est au pouvoir d’Aspert, qui commande dans Rome ; le général fait une recherche dans ses papiers ; la duchesse profite d’un moment pour jeter au feu un paquet de lettres, où le général ne parvient à lire que ces mots : « Nous serons à Rome avec votre fils le 21 février. » Or le 21 février est le lendemain du jour où cette scène se passe. Il n’avait pas été difficile au général de pénétrer les secrets desseins de la duchesse et pourquoi elle