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une explication ; il le rencontre dans son parc avec sa fille, au moment où, assaillis par un taureau sauvage, ils étaient en danger de perdre la vie, et est assez heureux pour les sauver de ce danger. Le hasard qui, contre son attente, avait rendu Ravenswood le libérateur de celui dont il méditait la perte, change ses dispositions ; sa haine ne résiste par aux charmes de Lucie Ashton, et celle du chancelier cède au sentiment de la reconnaissance ; il offre à Ravenswood une franche réconciliation, et parvient à vaincre ses sentiments haineux en lui laissant espérer une alliance avec sa fille, à qui Edgard a déjà juré un éternel amour. Il attend cependant avec impatience le retour de lady Ashton, femme altière, qui dispose depuis longtemps de toutes ses volontés, et par laquelle il craint d’être désapprouvé. En effet, cette femme, ennemie des Ravenswood, se déclare avec violence contre l’union projetée par son mari ; elle insulte Edgard de la manière la plus outrageante, et met tout en œuvre pour vaincre l’amour de sa fille, et pour la résoudre à une autre alliance. Par suite d’un changement politique, Edgard a recouvré son rang et une partie de ses biens, et a été chargé d’une mission importante pour le continent. En son absence, lady Ashton parvient à persuader à sa fille qu’il est infidèle, et la force à accepter l’époux qu’elle lui a choisi ; déjà la malheureuse Lucie a signé le fatal contrat, lorsque Ravenswood arrive, et lui rappelle la foi qu’elle lui a jurée. L’infortunée n’a point la force de se justifier, sa raison s’égare, et sa mère en profite pour faire achever la cérémonie du mariage ; mais elle est bientôt punie de son insensibilité par la mort de sa fille, qui expire dans d’affreux transports, après avoir tenté, dans sa démence, d’arracher la vie à son époux. Ravenswood, provoqué en duel par les frères de Lucie, périt englouti dans les sables mouvants, en se rendant au lieu du rendez-vous. — Des descriptions vives et animées, des mœurs locales représentées avec une vérité frappante, la création d’une figure de vieux serviteur on ne peut plus originale, un mélange adroit de fictions et de circonstances historiques, des observations qui attestent une profonde connaissance du cœur humain, assignent à ce roman une place distinguée parmi les autres productions de Walter Scott.

LE CHÂTEAU DE KENILWORTH, traduit par Parisot, 4 vol. in-12, 1821. — Le sujet de ce roman est l’amour de la reine Élisabeth pour le comte de Leicester, et le mariage de ce dernier avec Amy Robsart, qui périt d’une manière si fatale et dont la mort fut attribuée à son mari, alors emporté par le désir d’être un jour roi d’Angleterre, en épousant la fille de Henri VIII. Ces trois figures historiques sont tracées de main de maître ; il faut lire le roman pour se faire une idée de tous les tourments de l’ambitieux cour-