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Nous connaissons encore de Mme la princesse de Salm : Ouvrages divers en prose, suivis de Mes soixantes ans. — On a attribué à tort dans le temps à cet auteur un roman d’amour, intitulé : Recueil de Lettres de deux amants, 6 vol. in-18, 1801. Ces lettres sont d’une dame qui est parvenue à garder l’anonyme, mais elles ne sont pas de Mme la princesse de Salm, alors Mme Pipelet.

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SALVANDY (Narcisse-Achille de),
de l’Académie française, né à Condom le 11 juin 1796.


DON ALONZO, ou l’Espagne, histoire contemporaine, 4 vol. in-8, 1824. — Don Alonzo est la mise en scène des événements qui depuis pendant vingt-cinq ans ont traversé la Péninsule, et qui, en passant, ont ébranlé toutes les classes de ce pays d’une agitation qui dure encore. La première partie de cette action s’accomplit sous le règne de Charles IV : les intrigues du palais, les orages populaires, le mécontentement de la grandesse, enfin la révolution d’Aranjuez et l’avénement de Ferdinand au trône des Espagnes, sont les faits au milieu desquels l’auteur d’Alonzo a jeté ses héros dès le commencement de son livre. Napoléon, avec ses vaillantes armées, apparaît au second acte : alors on voit se former dans toutes les provinces ces guérillas qui ont tenu en échec le plus vaillant capitaine du monde. C’est surtout cette époque que l’auteur s’est attaché à reproduire avec une exactitude scrupuleuse et les plus minutieux détails ; rien d’intéressant comme le récit des habitudes de ces hommes qui, de laboureurs tout à coup devenus guerriers, se multiplient par la rapidité de leur course, et bravent du haut de leurs rochers les vainqueurs de la plaine. Le retour de Ferdinand au palais de ses pères forme le dénoûment de l’ouvrage.

Le personnage principal, à l’enfance duquel nous semblons assister, grandit sous les yeux du lecteur. D’abord, c’est un jeune étudiant, abandonné, seul et sans expérience, au milieu d’un monde qu’il ne connaît pas. Bientôt, victime d’un amour funeste et d’une lâche trahison, il est comme exilé au delà des mers. Mais l’infortune devient propice aux âmes fortes, elle leur révèle le sentiment de toute leur puissance. Alonzo, par son courage, par sa modération, se couvre de gloire au Mexique ; il est rappelé, le grade de colonel devient sa récompense. Quelques années s’écoulent, et ce même homme, calme, impassible au milieu du bouleversement de sa patrie, oppose à l’invasion étrangère la double résistance d’une énergie civique et guerrière ; dans les cortès de Cadix, il sert la patrie de son éloquence, de ses lumières, comme il l’avait servie de son épée. Enfin, l’honneur national est vengé ; la cause de l’indépendance l’emporte sur les vainqueurs du monde, et des légions étrangères ne foulent plus le sol de l’Espagne. Mais