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être fortement troublée, et Milford éprouve aussi de son côté un sentiment qu’il ne connaissait pas, et qui s’augmente encore après avoir arraché Adrienne à un danger qu’elle court en assistant à un combat de taureaux. La révolution arrive, Victor passe en Angleterre, où il est reconnu par Milford, qui l’emmène à son château, et le présente à ses deux sœurs. La plus jeune, lady Mary, est la plus douce et la plus aimable des femmes ; l’aînée, lady Caroline, au contraire, unit les travers d’une savante à ceux d’une virago. Bientôt la plus vive sympathie s’établit entre Victor et lady Mary ; mais lady Caroline s’imagine qu’elle est aimée de Victor, et ne faisant jamais rien comme les autres elle lui offre sa main, sans détour, et de façon à l’obliger de prononcer nettement son refus. Alors l’amour méprisé devient fureur, et, dans un moment de colère, ayant dénoncé Victor comme espion, elle obtient sa déportation hors des trois royaumes. Heureusement, Wiseby, instruit à temps, déjoue le complot de sa vindicative sœur. Que va faire celle-ci ? Elle savait qu’Adrienne est la sœur de Victor, que le marquis d’Azémar ne vit plus, qu’Adrienne, sortie de France, erre sur le continent. La passion de son frère pour la jeune Française n’est pas un mystère pour elle. Sentant qu’elle doit réparer ses torts d’une manière éclatante, elle s’embarque, trouve à Hambourg Mme d’Azémar, lui apprend que son frère habite l’Angleterre, et la décide à partir avec elle pour ce pays. Arrivée à Londres, Mme  d’Azémar croit s’élancer dans les bras de Victor, et se trouve dans ceux de Milford. Voilà donc tous les amants réunis, et tous les obstacles paraissent levés, mais la mauvaise honte empêche Wiseby de s’expliquer. Un papier public amène enfin le dénoûment ; selon le privilége que s’arrogent les nouvellistes anglais, on donne dans cette feuille le mariage de Wiseby et d’Adrienne comme certain. Wiseby, confus de voir que sa passion est généralement connue, et honteux d’être obligé de renoncer publiquement au vœu qu’il avait fait de rester célibataire, ne prend encore aucune résolution. Alors Adrienne, mettant dans sa conduite la dignité que la circonstance exige, part, en lui disant dans une lettre qu’elle ne le reverra jamais, quoiqu’elle l’aime, puisqu’il sacrifie son amour à son orgueil. Le reste se devine. Wiseby vole sur ses traces, la rejoint, obtient son pardon, et l’on célèbre à la fois deux mariages.

On a encore de cet auteur : *Loisirs d’un ménage en 1804, nouvelles, in-12, 1808.

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