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UN DIVAN, in-8, 1834. — Sous ce titre, l’auteur publie une série de nouvelles, parmi lesquelles on distingue celle qui a pour titre Braunsberg le charbonnier, et celle intitulée Beczi-Moustapha. Braunsberg habitait depuis longtemps la petite ville de Spa, où il était un objet de curiosité pour tout le monde. Jeune encore, mais chétif dans toute sa personne, amaigri par les veilles et la misère, courbé avant l’âge et n’ayant pour se vêtir que quelques haillons délabrés, son aspect excitait de violents sarcasmes chaque fois qu’il quittait son grenier inaccessible à tous, pour le grand jour de la rue ; aussi ne s’y hasardait-il que pour satisfaire aux plus impérieux besoins. Nul ne savait à quoi il employait ses jours et ses nuits ; ce qu’on savait seulement, c’est que toutes ses ressources étaient consacrées à acheter chaque jour et sans cesse du charbon, ce qui lui avait fait donner le nom de Braunsberg le charbonnier. Il arriva un jour qu’un jeune étudiant venu à Spa, ayant appris par hasard que cet étrange personnage avait suivi les cours dans la même ville et la même faculté que lui, parvint à pénétrer dans sa mansarde, où Braunsberg se préparait à le mal recevoir ; mais il n’eut pas plutôt appris que celui-ci se présentait à titre de camarade d’université, et était guidé par un intérêt affectueux plutôt que par une importune curiosité, qu’il se jeta dans ses bras, sans pourtant lui révéler le secret de ses opérations mystérieuses. L’étudiant quitta Spa et oublia bientôt Braunsberg. Plusieurs années après, ses affaires le conduisirent à Londres. Vingt-quatre heures après son arrivée, un laquais à grande livrée vint lui remettre une lettre qui l’invitait à se présenter sans délai chez un certain baron dont le nom lui était totalement inconnu, et qu’il apprit être un des plus riches particuliers de Londres. Il se rendit chez le baron, et aperçut dans un cabinet fort simple l’ancien habitant de la mansarde. Braunsberg lui conta comme quoi il avait vu ses efforts et ses longs travaux couronnés d’un plein succès, sans lui en expliquer toutefois la nature, et lui apprit que des fatigues et des veilles continuelles avaient abrégé son existence, au point que les plus célèbres docteurs en avaient fixé le terme à six mois. Mais en dépit de cet arrêt, le baron prétendait jouir de la vie et racheter les peines du passé en comblant de plaisir et d’émotions le court intervalle qui le séparait de la tombe. « Je vais partir, dit-il ; vous serez mon compagnon de voyage, vous ne me quitterez pas. » Cela dit, il donna des ordres. En un quart d’heure tout fut prêt, et le baron se mit en route avec son ami. Le pèlerinage qu’ils font à travers la France et l’Italie est plein d’épisodes qui font naître tour à tour l’étonnement et la terreur. Au bout de deux mois, le baron, dont la santé se rétablit à vue d’œil, devient cependant plus mélancolique et plus original que jamais. Son