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fières ; sa présence d’esprit ne l’abandonne jamais, et s’étend à tout, à ses amis encore plus qu’à elle-même ; elle s’occupe de les défendre, et si sa défense est faible, c’est le défaut de son talent et non de son âme. Ses réponses à ses juges sont pleines d’adresse, de fermeté, d’énergie ; son courage est admirable. Elle est héroïque quand elle monte à l’échafaud, et son héroïsme est naturel et sans faste.

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ROLAND (Mme Armande).


ALEXANDRA, ou la Chaumière indienne, 3 vol. in-12, 1808. — Annoncer que ce roman est de l’auteur de Mélanie de Rostange, c’est préparer le lecteur à recevoir les vives émotions qu’occasionnent des faits intéressants, des caractères aimables, des sentiments vrais, passionnés et délicats, des réflexions naturelles et touchantes. La belle Alexandra, princesse de Nomansof, vient de quitter Saint-Pétersbourg, pour passer deux années dans ses terres et se dérober à une foule d’adorateurs qui recherchent sa main. Près de son château le hasard et le malheur ont conduit un jeune Français, Maurice de Saint-Eldemar, et la jeune Clémence de Serdoval, bannis par suite de la révolution, et qui doivent s’unir à la fin du deuil que porte encore Clémence. Alexandra rencontre Maurice qu’elle croit frère de Clémence, et son intérêt pour lui se change bientôt en un sentiment plus tendre. Clémence est déchirée par la jalousie, car elle ne peut plus douter de l’amour de Maurice pour Alexandra. La princesse est prête à percer le mystère dont cette famille s’enveloppe, et déjà elle se flattait de trouver dans Maurice un époux digne d’elle, lorsque Clémence réclame la main de Maurice ; celui-ci, lié par des serments prononcés devant le lit de mort de sa mère, s’apprête à les remplir, en gémissant sur sa destinée. À cette nouvelle Alexandra quitte sa terre, et revient à Saint-Pétersbourg, où, pressée par sa famille et par l’impératrice de faire un choix, elle s’unit au père d’une de ses amies, au vieux et respectable prince de Listensten. Maurice a de son côté donné sa main à Clémence, qui ne pouvant vivre qu’en obtenant son cœur, meurt consumée de jalousie, et est enterrée auprès de la chaumière. Au bout de quelque temps, Maurice reparaît à Saint-Pétersbourg, où il reprend son nom et l’existence pour laquelle il est né ; l’impératrice lui confie un emploi distingué ; le prince de Listensten l’attire chez lui où il retrouve Alexandra, et on pense bien que l’amour des deux amants se rallume non moins violent. Une femme intrigante, ennemie de la princesse, la compromet dans un bal masqué en se faisant passer