Page:Revue des Romans (1839).djvu/622

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

courage de suivre jusqu’au bout cette longue agonie, décrite par l’auteur avec une verve et un talent fort remarquable.

PIERRE, 2 vol. in-8, 1836. — Pierre est le fils d’un pêcheur. Son enfance a été rude et malheureuse. À dix-huit ans, Pierre est devenu amoureux d’une jeune et douce fille qui s’est mariée, et Pierre l’a suivie à Paris en qualité de domestique. À Paris, la jeune femme est lancée dans le tourbillon du monde. Sa vie est un bal perpétuel ; mais hélas ! la pauvre femme, elle danse sur le bord de l’abîme. Elle a épousé un joueur, un faussaire, un lâche, qui la ruine. Que deviendrait cette malheureuse femme livrée à elle-même, si elle n’avait pas là Pierre, Pierre qui l’aime et qui se cache pour l’aimer ? — Ce roman, touchant et pathétique, est une douce et mélancolique fiction, dont la simplicité égale le charme et l’intérêt ; la catastrophe est habile ; les détails en sont si fins et si déliés, le dialogue si naturel, qu’on s’abandonne à cette lecture en toute tranquillité de cœur et d’esprit. Seulement on est peu content du dénoûment ; on n’aime pas voir cette femme si aimée, mourir misérablement à l’hôpital ; on souffre de voir que Pierre, ce noble esprit et ce noble cœur, finisse par être mendiant au coin d’une borne.

LE CHÂTEAU DE SAINT-GERMAIN, 2 vol. in-8, 1836. — Toute la première partie de ce roman se passe au château de Cadenet, sur les bords de la Durance. Le vieux sire de Cadenet, après s’être compromis dans la conspiration des princes, s’est retiré dans son castel, avec ses deux parentes, la vicomtesse de Sault et Laure de Novès, jeune personne accomplie. Laure devait épouser le comte de Bormes, lorsqu’un jour le cardinal Mazarin, espérant de pouvoir soustraire au baron de Cadenet une pièce importante écrite de la main de Gaston d’Orléans, se présenta au château sous le nom de Giulio, ami du fils du sire de Cadenet. Les manœuvres de l’habile ministre furent inutiles, il ne put s’emparer du papier qu’il convoitait, mais il réussit à ravir le cœur de Laure de Novès et à l’engager à fuir avec lui. Mazarin avait rencontré au château de Cadenet une bohémienne nommée la Carducha, jadis aimée et trompée par lui. La Carducha se dévoue à Laure et la suit à Paris. Le cardinal se présentait toujours à Laure sous son faux nom, se disait attaché à la maison de la reine, dont il attendait une meilleure place pour offrir à Mlle de Novès un époux digne d’elle. Cependant Laure se désespérait de ces retards, elle était mère, et ce titre lui donna l’idée d’intéresser la reine à son sort. Mazarin l’avait logée dans une petite maison située sur la limite de la forêt de Saint-Germain. Un jour elle se présenta au château, et attendit le moment où la reine se rendait à la messe. Laure avait son placet à la main, et déjà elle tendait le bras pour l’offrir à la