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sa faiblesse et par son inconstance, et trop heureux de revoir près de lui, autour de son lit de mort, une sœur chérie et le mari de cette sœur, qu’il avait négligés et abandonnés dans les jours de sa prospérité. Son beau-frère, homme véritablement bon et de grand sens, est l’historien de son ami, et fait passer en revue, sous les yeux du lecteur, le bon Lecoq et sa femme, l’hypocrite et patelin Falcol, la coquette Derblay, et une foule d’autres personnages avec lesquels on n’est pas fâché de faire connaissance. — Ce roman est un livre vrai, écrit avec goût et facilité ; c’est un ouvrage qui sait instruire et plaire, qui fait aimer le bien, en présentant la conduite des hommes vertueux de manière à la faire aimer, et qui porte à fuir les vices et les travers, en nous les montrant tels qu’ils sont.

L’HONNÊTE HOMME, ou le Niais, 3 vol. in-12, 1825. — M. Picard a cherché à prouver dans ce roman que la probité est un moyen plus sûr de parvenir que l’intrigue. George Dercy reçoit le jour dans une petite ville. Après avoir fait d’assez bonnes études au collége d’Orléans, il vient à Paris, où il est successivement élève en médecine, clerc d’avoué et commis marchand ; mais il quitte bientôt les bancs d’Hippocrate, l’étude de l’avoué, la boutique de nouveautés, parce que son professeur de médecine est un charlatan, son avoué un corsaire qui dépouille ses clients, son marchand un fripon qui dupe ses pratiques. Georges retourne dans sa ville natale où il obtient une place à la sous-préfecture, qu’il perd parce que, dans une circonstance pareille à celle de Joseph, il se conduit avec la femme du sous-préfet comme Joseph avec la femme de Putiphar. Après cette disgrâce, Georges part pour l’Amérique avec ses principes et une pacotille ; on lui laisse ses principes, mais on lui prend sa pacotille ; il voyage chez les sauvages, où il est encore volé, et manque même d’être mangé ; il fait la connaissance du fils d’un de nos ambassadeurs près les cours du Nord, et, par le crédit de son père, est placé dans le cabinet particulier d’un ministre ; un de ses oncles meurt et lui laisse cinquante mille francs de rente ; il est électeur, et pour n’avoir pas voulu voter aux élections d’après les idées du ministre, il perd sa place et est remplacé par un intrigant. Georges pense à se marier, mais au moment de conclure son mariage, il est supplanté auprès d’une riche héritière par un autre intrigant ; il fait ensuite la connaissance de la nièce d’un receveur général, modeste, très-douce et sans fortune, qui le refuse parce qu’il est riche, mais à laquelle il parvient enfin à faire accepter sa fortune et sa main. — Telle est à peu près l’analyse du roman de M. Picard, où le niais se trouve avoir été le plus spirituel ; l’insensé, le plus sage ; l’homme simple et gauche, le plus fin et le plus habile ; l’homme