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dans la politique, mais partout il est maladroit. Les événements de 1815 arrivent, il accepte une place de commis à une des mairies de Paris, d’où il passe en qualité d’adjoint à un des colléges électoraux improvisés pour la représentation nationale ; au Champ de mai, il figurait parmi les hérauts d’armes de l’empereur. Après les Cent jours, Giffard perd par ses sottises et par ses maladresses tous ses protecteur ; il descend de jour en jour aux plus bas étages de la société, et s’achemine lentement vers la route qui conduit à Bicêtre, où sa philosophique indigence trouve un asile, et des amis qu’il ne s’attendait plus à revoir, du moins dans un pareil séjour.

Presque tous les personnages de ce roman sont peints avec une grande vérité. Ce ne sont pas des physionomies arrêtées, des caractères largement dessinés, mais des girouettes qui tournent par des rubans, ou des dignités, ou des emplois ; vingt fois on est tenté d’écrire le nom au-dessus de celui du marquis de Rinville, de Durosay et autres. En général, ce roman est une lanterne magique de personnages qui, bien que placés dans des rangs contraires et de positions différentes, agissent cependant d’une même façon. Il faut toutefois excepter de cette galerie le fils de Rinville et Rose Lefèvre, qui jettent sur l’ouvrage une teinte douce et délassent le lecteur des scènes politiques qui y sont répandues à profusion. Si ce roman n’intéresse que faiblement, du moins il amuse, il égaie ; il y a des scènes de comédie excellentes, des chapitres écrits avec une gaieté et une vérité dont bien peu de contemporains connaissent le secret, une variété, une richesse de détails, une surabondance d’esprit et de portraits satiriques, qui seraient capables de faire la fortune de dix romans que ne protégerait par un nom comme celui de l’auteur des Marionnettes et de la Petite ville.

L’EXALTÉ, ou Histoire de Gabriel Désodry, sous l’ancien régime, pendant la révolution et sous l’empire, 4 vol. in-12, 1824. — Comme l’analyse des aventures de Désordy, depuis son enfance jusqu’à sa mort, nous mènerait un peut trop loin, nous nous contenterons de le montrer tour à tour séminariste et dévot, presque fanatique sous l’ancien régime ; patriote ardent et rédacteur d’un journal républicain pendant la révolution ; puis persécuté au nom même de la cause de la liberté qu’il avait embrassée avec chaleur, et obligé de fuir sa patrie pour échapper à la proscription ; adepte philosophe, dans une petite ville d’Allemagne ; enfin, rentré en France et devenu courtisan et chambellan sous l’empereur, toujours en proie à des sentiments d’exaltation dans ses croyances religieuses, dans ses opinions politiques, dans ses études de philosophie, dans ses projets d’ambition et de fortune ; tourmenté par