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qu’elle sera reçue au château. L’infortunée, déposée dans une élégante chambre à coucher, est longtemps à reprendre ses sens ; elle ouvre enfin les yeux, les fixe avec étonnement sur un portrait qui décorait la chambre, et qui représente une femme en grande parure, dans tout l’éclat de la jeunesse et de la beauté. « Ô Dieu ! s’écria la vieille, ce portrait, cette chambre, quels souvenirs ! Cette maison fut donc la mienne ! … » Ces exclamations furent entendues. L’infortunée Jane, car c’était elle, ne put cacher son nom et sa misère ; lord Dorset se trouva heureux d’accueillir l’ancienne amie de son père, et de lui donner l’hospitalité. Dès lors Jane vécut paisible et honorée ; car on avait oublié sa faiblesse, et non ses vertus. — Peu de personnages secondaires sont groupés autour de Jane Shore et de son royal amant ; lord Hastings, Alicia et l’orfévre Shore ne jouent dans le roman que des rôles secondaires.

Nous connaissons encore de cet auteur : Le Nègre et la Créole, 3 vol. in-12, 1825.

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PACCARD (J.-Edme), né à Paris en 1777.


DIEU, L’HONNEUR ET LES DAMES, 6 vol. in-12, 1813. — Ce roman n’offre point d’unité d’intérêt ; c’est une collection d’épisodes qui ne sont liés que par un fil très-léger : nous nous bornerons à l’analyse d’un de ces épisodes les plus intéressants. — Adémar faisait partie des nombreux guerriers qui accompagnaient Godefroy de Bouillon à la première croisade. Il était parti avec le brave Rosemond, son vieux père, qui périt glorieusement en combattant les Sarrasins. Parmi ses autres compagnons d’armes brillait le jeune Brunelion, malade d’une blessure qu’il avait reçue en Palestine. Dans la traversée, Adémar reçoit les derniers soupirs du jeune chevalier, qui lui fait promettre en mourant de rendre ses cheveux à son amante et ses armes à ses parents. L’arrivée d’Adémar au château de Brunelion, son hésitation pour y entrer, les discours qu’il tient aux parents de son ami avant de leur annoncer la fatale nouvelle, la manière dont elle lui échappe involontairement, tout cela est éminemment pathétique. Il est fâcheux qu’un pareil morceau soit noyé dans un ouvrage trop long et passablement défectueux.

L’ABBAYE DE LA TRAPPE, ou les Révélations nocturnes, 3 vol. in-12, 1821. — Si M. Paccard eût réfléchi qu’un moine pour être intéressant doit être vieux, humble et pauvre, il eût renoncé à l’idée de ramener une seconde fois, après Baculard, l’amour sous les ogives de la Trappe ; un cénobite amoureux, bien portant, frais tondu, n’est plus, pour les gens du monde, qu’un beau cha-