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NOUGARET (P.-J.-B.), né à la Rochelle en 1742, mort en 1823.


*LES PERFIDIES À LA MODE, ou l’École du Monde, 5 vol. in-12, 1808. — Les cinq volumes de ce roman offrent une longue galerie de portraits tracés avec assez de variété et dont l’effet est piquant. Le premier qui se présente est celui d’une jeune fille de quinze ans, élevée dans un couvent, à qui le héros du roman adresse ses premiers hommages d’une manière assez niaise, et qui, ne sachant pas profiter des avances de la jeune personne, est bientôt éconduit. Il s’adresse ensuite à la maîtresse d’un grand seigneur, qui lui prend sa montre, ainsi que le peu d’argent qu’il possédait, et le congédie honteusement. En Pologne, il devient amoureux d’une femme de distinction, qui cherche à le faire assassiner pour l’empêcher de porter son hommage à d’autres femmes. Il revient à Paris, offre son cœur à la comtesse de Montfort, et est sur le point de l’épouser, lorsqu’il la surprend dans les douleurs de l’enfantement. Le héros renonce à la main de la comtesse et va chercher fortune ailleurs ; mais, quelles que soient les femmes auxquelles il s’adresse, toujours même résultat. On ne finirait pas si l’on voulait passer en revue toutes les femmes qui figurent dans ce roman, et qui, toutes différentes de caractère et de condition, ont toutes cependant entre elles un point de ressemblance : l’inconstance et la perfidie.

ADÉLAÏDE, ou le Faux ami, 4 vol. in-12, 1813. — Le Faux ami est un libertin subalterne qui porte dans la débauche cette impudeur et cette grossièreté qui cesse d’en rendre le spectacle dangereux. Monrose séduit la femme d’un ouvrier qui ne demandait pas mieux que d’être séduite, et se montre fier de ce succès. Il met ensuite son orgueil à pervertir un jeune homme vertueux, puis à corrompre la maîtresse de ce jeune homme. Furieux de n’avoir pu réussir, il finit, à force de basses manœuvres, à engager Adélaïde dans un hymen odieux, en lui faisant épouser un vieux financier qu’elle abhorre, au lieu d’un jeune amant qu’elle aime. En attendant qu’Adélaïde devienne veuve, son amant se permet quelques distractions, dont l’auteur a soin de tenir note. Enfin, Monrose est pris dans ses propres filets ; contraint d’épouser une jeune personne qu’il a séduite, la mauvaise conduite de sa femme l’expose à des inconvénients assez fâcheux pour un mari. Monrose finit par mourir, et sa chaste épouse n’attend pas sa mort pour devenir la compagne d’un riche et crédule Anglais. — Tout ce que les mauvaises mœurs ont de plus ignoble et de plus révoltant est exposé sans voile dans ce roman, et dans un style digne du sujet.

On a encore de ce fécond et médiocre romancier : Le Méchant démasqué, in-8, 1763.