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tant de désastres, on n’aurait pas le courage de poursuivre. Les deux époux doivent leur salut à l’empereur Alexandre ; mais la sensible Lisiska ne survécut que deux mois aux angoisses qu’elle avait éprouvées.

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NARÉJNY (Basile), romancier russe.


ŒUVRES DE BASILE NARÉJNY, 1829. — Cinq romans ou nouvelles composent cette collection ; Aristion, ou l’Éducation refaite est une critique sévère, mais juste, de l’éducation à la mode. Boursack est l’histoire d’un jeune étudiant russe qui ignore le nom de ses parents, et qui, après bien des aventures, finit par se distinguer à la guerre, découvre le secret de sa naissance, et se marie avec une belle veuve. Les deux Ivan est l’histoire de deux amis d’enfance, dont les pères sont divisés par un procès, mais dont les filles sont aimées de deux jeunes gens. Après beaucoup de vicissitudes, les deux deux pères sont ruinés sans ressources ; leurs enfants viennent à leur secours, les réconcilient, et se marient avec leurs maîtresses. Marie est une nouvelle sentimentale qu’on lit avec intérêt. Le Pauvre enrichi, la Fiancée en prison, le Zaporogue, sont des nouvelles assez spirituellement écrites. Les Soirées savonnes sont la réunion de onze nouvelles, parmi lesquelles on distingue celle intitulée Irène, et celle qui porte le titre de de Liouboslaf.

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NODIER (Charles),
de l’Académie française, né à Besançon le 29 avril 1783.


LE PEINTRE DE SALTZBOURG, Journal des émotions d’un cœur souffrant, etc., in-12, 1803. — M. Charles Nodier avait vingt ans quand il fit ce livre : aussi c’est bien vraiment un livre de jeune homme, un livre quelque peu déclamatoire, mais plein d’ardeur et de poésie. Évidemment inspiré par le Werther de Goëthe, il vint l’un des premiers chez nous après l’ouvrage allemand ; mais si Charles Munster a quelques-uns des traits de l’amant de Charlotte, sa physionomie est cependant loin d’être la même ; les souffrances de ces deux malheureux ne sont pas non plus pareilles ; ce sont deux nuances bien diverses d’une semblable douleur. Les tourments qui déchirent Werther sont plus intimes peut-être, plus profondément creusés, plus inexorables. Il semble qu’il y ait pour le Peintre de Saltzbourg quelques douceurs, au milieu de ses angoisses, dans l’exaltation poétique de son âme et dans ses pleurs d’artiste.